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Harcèlement scolaire : un calvaire au quotidien

TEMOIGNAGE | Lutter contre le harcèlement à l'école, c'est l'objet de la campagne que lance le ministère de l'Education nationale ce mardi. Focus sur le cyber-harcèlement, ces mots durs, souvent blessants, que l'on s'envoie par SMS ou sur les réseaux sociaux, et qui peuvent avoir des conséquences tragiques. Rencontre avec une collégienne actuellement victime de harcèlement, qui a bien voulu témoigner. 
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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C'est dans un
lotissement des environs d'une petite ville cossue de Province que nous
rencontrons celles que nous appellerons Sophie et sa mère,
Catherine. Sur le mode de la confidence, l'adolescente de 14 ans, discrète,
raconte ce qu'est devenu son quotidien à l'école : "Je me sens isolée et seule.
Parfois ça va, mais parfois c'est difficile",
dit-elle dans un sourire
gêné. "Le midi par exemple je déjeune avec les pions, les autres élèves de ma
classes sont tous ensemble."

Tout commence pendant
les vacances de la Toussaint, il y a un peu plus de trois semaines, un message
attribué à Sophie apparaît sur la page Facebook de l'une de ses copines de
classe, Isabelle. "Isabelle croit
que je suis sa pote mais en fait non. (...) Je t'aime Bruno, mais t'as un kif pour Isabelle la grosse pute, ça ne va pas le faire !"

Les parents d'Isabelle alertent la maman de Sophie. Rapidement
Catherine comprend que le compte de sa fille a été piraté mais un déluge
d'insultes s'est déjà abattu sur la page de l'adolescente. " La meuf qui a fait
ça, elle a un problème"
, "Quand tu vas revenir à l'école on va te faire
chialer"
, "Va t'acheter une corde et un tabouret", "A mort
Sophie !"

Des mots d'une violence inouïe. La collégienne a la boule au
ventre. A la fin des vacances, l'adolescente, visiblement timide et plus mûre que
les autres, reprend l'école avec des souliers de plomb. "J'avais tellement mal
au ventre que je quittais les cours pour vomir. Je ne comprends pas comment on
peut être aussi méchant !"

"Ils laissent leur photo et leur nom"

Les parents alertent alors le
principal du collège, qui intervient en cours. Des élèves s'excusent. Accalmie de quelques
jours avant que les insultes fusent à nouveau sur Facebook. Les parents
alertent une nouvelle fois le principal, qui convoque alors la victime et
les auteurs des injures les plus graves avec leurs familles. Le principal
s'étonne de la naïveté des élèves. "C'est facile de les retrouver" , explique calmement ce
trentenaire, "ils laissent leur photo et leur nom ! Ils écrivent comme ils
parlent, sans réfléchir à la portée de leurs mots." 
Les deux élèves en question sont exclus durant trois jours.

Les messages ont été effacés, Sophie n'est aujourd'hui plus
insultée sur Internet, mais elle demeure isolée en classe. La copine accusée de l'avoir injuriée ne lui parle plus. Sophie donne le change mais sa mère
s'inquiète. " Je la surveille constamment" , assure, les yeux rougis,
Catherine. "J'ai peur qu'elle commette l'irréparable".  On pense à Marion ou
Matteo qui n'ont pas supporté ce harcèlement quotidien, au point de se donner
la mort.

L'école mise en cause

Les professeurs sont souvent
montrés du doigt, accusés de ne pas agir. Il faut dire que leur rôle est
difficile, les frontières entre école et maison sont poreuses. Une
dispute qui débute au collège peut se poursuivre le soir jusque dans le lit de
l'adolescent via la messagerie instantanée de son portable. D'où la difficulté
pour les professeurs et les proviseurs d'agir. Les parents ont eux aussi un rôle
crucial, rappelle le principal de l'école de Sophie. L'adolescente, elle, a hâte
d'arriver au lycée.

Le harcèlement prend de plus en plus d'ampleur à l'école et touche près d'un élève sur dix en France. Près de la moitié des faits de harcèlement touchent les 12-14
ans et les filles en sont souvent les premières victimes. 

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