Cet arrêt definitif des hauts fourneaux n'a rien d'une surprisepour les salariés de Florange. C'est ce qui était prévu dans l'accord signé le30 novembre dernier entre le gouvernement et ArcelorMittal. Malgré prés de deux ans de lutte et de mobilisation pour la sauvegarde des derniers hautsfourneaux de Lorraine.Aujourd'hui, les salariésfont part de leur amertume. Ils se sentent trahis. "Et même plus que trahis ", s'énerve un ancien des hautsfourneaux. Un autre renchérit : "ça me fait mal toutes ses promesses non tenuespar un gouvernement de gauche, enfin qui se dit de gauche ". Un troisième conclut : "à droite comme à gauche, les politiques, c'est tous des menteurs ".Trop de promesses non tenuesEt si la déception est si grande, c'est qu'à Florangeon se souvient trés bien des promesses non tenues. Celles de Nicolas Sarkozy d'abord, qui s'etait engagé a maintenir l'acierie voisine de Gandrage, que Mittal a finalement fermé en 2009.Lesmétallos n'ont pas oublié non plus que Francois Hollande (peut-être hanté par l'image de Lionel Jospinavouant à propos d'une fermeture d'usineque l'Etat ne peut pas tout) afait de Florange LE symbole fort de sa campagne.Le 24fevrier dernier, juché sur unecamionnette, le candidat socialiste à laprésidence était venu dire sadétermination aux salariés. Le chefde l'Etat avait alors promis rapidement une loisur la reprise des sites rentables. Plusieurs fois repoussée, elle doit finalement être examinée avant l'été.Ils ne digèrent pas l'hypothèse avortée de la nationalisationMais ce que les métallos n'arrivent surtout pas à digérerce sont les rebondissements de l'automne dernier, cette hypothèse de la nationalisationtemporaire, à laquelle les salariés sesont accrochés et que l'executif a finalementecarté.C'est cetespoir déçu que Lionel Burriello, le délégué CGT de Florange ne pardonne pas à Francois Hollande : "C 'est lui qui estvenu nous voir, c'est lui qui nous a fait espérer. Pour quoi au final ? Un copiécollé de la politique de Nicolas Sarkozy. En signant l'accord avec Mittal,Hollande est complice de la fermeture de nos hauts fourneaux ".Le Front national en embuscadePour autant, le syndicaliste le répète : ilsrefusent de verser dans le "tous menteur, touspourris". Le FN alui bien saisi le profit qu'il pouvait tirer de l'espoir deçu des "Florange". Un candidat Front National est déja en lice pour lesmunicipales de l'année prochaine.Il y a trois semaines, Marion Maréchal Le Pen, la toute jeune députée FN du Vaucluse, a fait le déplacement jusqu'en Lorraine pour une opération detractage au pied des hauts fourneaux. Pasde quoi réjouir Philippe Tarillon, le maire socialiste de Florange, qui tient àdire que François Hollande a toute de même obtenu de vrais concessions de la part deMittal"C'est la première fois qu' en fermantune activité, Mittal prend des engagements sur des investissements, ça n'est pas cequ'espérait ceux qui ont mené la lutte, ça n'est pas ce que j'espéraispersonnellement... mais on ne peut pas conclure à un constat d'échec. "Les engagements de Mittal seront-ils tenus ?Mittaldoit en effet réaliser 180 millions d'euros d'investissement sur cinq ans à Florange,d'ailleurs 55 millions ont deja été validés. Le groupe s'est aussi engagé à mener des recherchessur les nouvelles technologies permettant de produire de l'acier de façon plusécologique.Ce qui pourrait donner une seconde vie aux hauts fourneaux même si tout cela reste pour l'instant tréshypothétique. Quoiqu'il en soit, EdouardMartin, le delégué CFDT, qui a été le meneur du combat des Florange, entendbien pousser Francois Hollande à veillerau respect de l'accord signé avecMittal et à, dit-il, "solder le dossier Florange ".