DSK- Nafissatou Diallo : dernier jour d'une saga judiciaire
Quand on parle de saga judiciaire, en général
c'est parce que le temps s'étire. Avec l'affaire DSK on a plutôt le sentiment
d'événements compressés dans un laps de temps finalement très court. 18 mois se
sont écoulés depuis le 14 mai ; 18 mois seulement, et une cascade
d'événements : l'arrestation, les photos du commissariat, l'emprisonnement à Rickers, la résidence surveillée, le discrédit, le doute, les audiences repoussées, la gène du procureur, les révélations sur
Nafissatou Diallo, le revirement, l'abandon des charges, le silence des
avocats de DSK, le bruit des avocats de la plaignante, l'apparition de
Tristane Banon dans l'affaire, les manifestations de soutien à Nafissatou
Diallo, son apparition surprise à la télévision, sa présentation calamiteuse à
la presse, le départ de DSK, la secousse du Carlton ressentie jusqu'à New-York, le complot, les complots ?, le procès civil préparé, l'immunité de DSK
discutée puis retoquée, et enfin, cet
accord, que les deux parties juraient ne pas vouloir, parce que l'un se disait
innocent de tout ce dont on l'accuse, et l'autre voulait que justice lui soit
rendue.
C'est un film en accéléré cette affaire, y compris dans sa
phase civile. "Un peu plus d'un an, en temps judicaire, c'est comme
un battement de cil" dit l'avocat Ronald Kuby, qui pratique
quotidiennement les tribunaux de New-York. "Surtout dans le Bronx"
ajoute-t-il dubitatif :
"Tout le monde s'attendait à ce que
cette affaire se règle avec le paiement de quelque chose. Mais si tôt, et sur
une telle somme d'argent c'est incroyable. Si c'est vrai, c'est qu'il y a une
histoire derrière qu'on ignore. DSK avait les moyens de faire trainer cette
affaire pendant des années. Et plus vous faites trainer une affaire, plus la
victime est prête à un arrangement moins couteu x."
Mais DSK voulait-il faire traîner ? Matthiew Gallouzeau
a une explication plus prosaïque : "On allait entrer dans
la phase des dépositions" dit-il "et DSK allait
devoir répondre sous serment aux questions des avocats. Il a peut-être eu envie
de tout régler avant" .
Quitte à payer pour ne pas aller au
procès, autant le faire sans avoir à passer par la case humiliation ;
Nafissatou Diallo s'y retrouve aussi. Il paie avant un nouveau déballage de
détails, elle prend l'argent avant d'avoir elle aussi, à répondre à la partie
adverse. Il achète sa volonté de tourner la page et se refaire une vie. Elle
encaisse pour les mêmes raisons, sans entendre de savoir si un jury aurait
donné plus.
DSK pourra dire qu'il n'a jamais été condamné. Nafissatou
Diallo pourra dire qu'elle n'a jamais lâché ; Au fond tout le monde y
trouve son compte. Sauf la vérité. Car désormais la chambre 2806 est fermée, et
il ne sera jamais plus question de savoir ce qui s'y est vraiment passé.
Nafissatou Diallo n'a jamais dévié de la version de ces quelques minutes
qu'elle a donnée en juillet dernier à la
chaine de télévision ABC : "Il s'est précipité vers moi, il a pris
mes seins, je disais arrêtez ça, arrêtez ça ! Mais lui il continuait à me
pousser.
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DSK lui n'a jamais donné de détails, mais cette phrase
prononcée à son retour en France dans le journal de Claire Chazal est désormais
célèbre : "C'était une relation inappropriée, et même une
faute morale ". *
Cet après midi au tribunal du Bronx, DSK ne sera pas là,
mais Nafissatou Diallo est attendue. Son avocat Ken Thompson affiche sa
victoire en affichant sa cliente. Il n'y a pas de procès d'accord, mais DSK
paie. Thompson est aussi en campagne électorale : il se présente pour le
poste de procureur de Brooklyn.
Nafissatou Diallo espère aujourd'hui sortir de la vie de
recluse qui est la sienne depuis 18 mois. "Désormais elle vivra évidement
nettement plus confortablement qu'elle ne l'avait jamais imaginé"
dit John Solomon, qui travaillait jusqu'à l'année dernière pour Newsweek et
reste l'un des seuls à l'avoir rencontré. " Mais est ce que ça vie
reprendra son cours, ça reste à voir".*** *
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