Déchets radioactifs : j'habite chemin du radium
Dans un quartier de Gif-sur-Yvette,
en région parisienne, une maison vient d'être détruite. Les niveaux de
radioactivité étaient trop forts dans la cave. Une grille avec le sigle radioactif
barre l'entrée du chantier. Dans un lotissement d'une centaine de petites
maisons ouvrières, construites dans les années 60, les pelleteuses creusent le
jardin. La maison est tombée, il y a deux mois, parce qu'en faisant des
analyses l'Autorité de sureté nucléaire a trouvé un taux de radon, un gaz
issu du radium très élevé. "Nous avons dû démolir la maison parce que la
pollution vient de la terre qui était sous la dalle ", explique Olivier
Gaudeaux, chargé du chantier à l'Andra, l'Agence nationale de gestion des
déchets radioactifs.
Impossible de soulever la maison
pour nettoyer en dessous, il a donc fallu raser. Mais le chantier n'est pas un
chantier classique. Chaque gravas fait l'objet d'un contrôle radiologique . Les
colis de terre sont ensuite envoyés aux centres de stockage et d'entreposage de
l'Andra dans l'Aube. Cette terre contaminée au radium ou au radon ne doit pas
se retrouver n'importe où dans la nature.
Beauté des années 30 au radium****
Si l'adresse de la maison est chemin
du radium, ce n'est pas pour rien. Le lotissement a été construit dans les
années 60 sur une ancienne usine au radium tenu par un assistant de Marie
Curie.
Jusqu'en 1957, l'usine fabriquait
des aiguilles au radium, utilisées pour la radiothérapie. Après les découvertes
de Pierre et Marie Curie, le radium va connaître un véritable essor avec des
applications très commerciales dans les années 30. "Les cosmétiques,
notamment la marque Tho-Radia, vont développer des crèmes et des poudres au
radium pour avoir un teint rayonnant ", explique Renaud Huynh, directeur
du musée Marie Curie et co-auteur du livre La fantastique histoire du
Radium .
Laines au radium pour layette,
fontaines au radium, aiguilles de montre au radium, etc. En plus des usines,
des horlogers, des médecins, des industries vont manipuler cet élément
chimique, issu de l'uranium, sans voir l'ampleur des risques et surtout la
durée de vie très longue de sa contamination radioactive de l'environnement.
134 sites contaminés en France
Sur le lotissement de Gif-sur-Yvette,
en région parisienne, deux maisons ont été rachetées par l'Etat et détruites.
Un propriétaire est mort d'un cancer sans que l'on puisse dire si c'est à cause
du radon dans sa cave. L'autre propriétaire a 90 ans et est toujours bien en
vie.
Quatre autres maisons ont fait
l'objet de travaux. Raymond a acheté sa maison dans le quartier il y a huit ans
avec une tache de radium dans son jardin. "L'agent immobilier nous a
prévenu. Ça nous a permis de négocier la vente un peu à la baisse. On a fait le
calcul bénéfice risque ", explique-t-il sereinement. Comme lui, certains
habitants du quartier ne peuvent pas creuser à plus de 50 centimètres dans le
sol en raison des risques. Aujourd'hui, Raymond se pose surtout des questions
sur le coût des travaux et sur la participation qui est demandé parfois au
propriétaire pour faire dépolluer leur terrain.
L'Andra a identifié 134 sites en
France qui pourraient être contaminés au radium : d'anciennes usines comme
en région parisienne à Nogent-sur-Marne ou à Gif, mais aussi des petits
ateliers d'horlogers en plein Paris. Vingt cinq font l'objet de travaux.
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