Déchets dangereux : Drancy ne veut plus du transit par sa gare
Le déraillement d'un wagon de déchets nucléaires le 23 décembre a eu un écho
retentissant. Beaucoup plus que celui du wagon d'acide chlorhydrique qui avait
eu lieu dix jours avant. Un wagon heureusement vide. Pourtant le risque
chimique peut entraîner des intoxications voire des morts jusqu'à plusieurs
centaines de mètres autour du lieu des fuites. Pire si c'est un wagon de chlore
où l'on considère qu'il faut évacuer un périmètre de 2,6 km.
"Nous,
on ne sait pas quoi faire. Alors on est allés voir sur la terrasse ce qui se
passait à la gare ", expliquent Daniel et Joëlle, un couple de
retraités qui vivent depuis 40 ans à cent mètres des voies. Malgré les haut-parleurs de la gare qui crachent de rester confinés chez soi, de couper la
ventilation, les badauds s'attroupent sur le pont au-dessus des voies.
Vide juridique autour d'une gare de triage
En fait, la
sirène et les messages par haut-parleurs ont été déclenchés par les cheminots.
Après un déraillement de produits dangereux, ils doivent prévenir la sécurité
civile et la préfecture. Une brigade de pompiers spécialisée de Paris vient sur
place pour organiser les opérations de secours mais entre-temps, les services
locaux de pompiers ou de police, eux, ne savent pas quelle procédure adopter. "Nous
avons fait demi-tour parce que nous n'avons pas de combinaison adaptée aux
risques chimiques ou nucléaires ", explique le responsable de la police
municipale de Drancy, Christophe Ringuet.
Après
l'explosion d'AZF à Toulouse en 2001, plusieurs lois et décrets ont ordonné aux
communes qui ont des usines Seveso de limiter le nombre d'habitants exposés au danger. Mais une
gare de triage n'est pas une usine, il y a donc un vide juridique que dénonçait
le maire de Drancy avant les incidents.
"Et
pour les 30.000 personnes qui vivent dans ce périmètre, ils peuvent
crever" (le maire de Drancy)
L'an
dernier, la préfecture de Seine Saint Denis a informé les élus locaux que les
risques étaient aussi élevés qu'autour de certaines usines. Elle leur a donc demandé de ne pas autoriser de nouvelles constructions susceptibles
d'augmenter le nombre d'habitants dans un périmètre de 620 mètres autour de la
gare.
"Et
pour les 30.000 personnes qui vivent dans ce périmètre, ils peuvent crever ",
s'insurge Jean-Christophe Lagarde, le maire de Drancy. Il souhaite déplacer les
wagons dangereux dans une autre gare de triage.
200.000 wagons de marchandises par an dont 15.000
dangereux
Pas si
simple visiblement pour la SNCF et pour le Réseau ferré de France. La gare de
Drancy-Le Bourget est aujourd'hui la seule qui reste en Ile-de-France. "Supprimer
les wagons dangereux, c'est signer la fermeture de la gare ", estime
Fabien Bredoux secrétaire général de la CGT cheminot de Drancy.
Aujourd'hui 200.000 wagons de marchandises par an dont 15.000
dangereux transitent par cette gare. Si ce n'était plus le cas, cela n'aiderait pas le fret à concurrencer la
route. Les camions transportent déjà plus 75 % de ce type de produit.
En plus de
la plainte du maire de Drancy, le maire du Blanc-Mesnil souhaite estimer les pertes financières pour ceux qui ne
peuvent plus construire, vendre ou agrandir leur maison aujourd'hui. Et les associations de riverains se mobilisent elles aussi. Plusieurs
appellent à une manifestation samedi à
la gare.
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