Cet article date de plus d'onze ans.

Avec les réfugiés désespérés de l'aéroport de Bangui

REPORTAGE | Presque une semaine après le début de l'intervention militaire française en Centrafrique, les rescapés des massacres tentent de survivre en trouvant refuge dans différents lieux : églises, mosquées, et surtout, à l'aéroport de Bangui.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Trente à quarante mille personnes sont réfugiées juste à côté des pistes. Des hommes, des femmes, des enfants installés autour de deux points d'eau, derrière des barbelés posés à la hâte.

Tous sont venus là car ils savent que l'aéroport est protégé par les militaires français. Un refuge pour ces familles qui ont quitté précipitamment leurs maisons, situées seulement à quelques kilomètres d'ici. Ce qui les a fait fuir ? "La peur ", explique Cheryl, une mère de 6 enfants.

►►► A LIRE AUSSI | Centrafique : la tension retombée, la situation sanitaire inquiète

Pas assez d'eau

Depuis son arrivée dans le camp, Cheryl n'a pas bougé : elle est assise là comme figée. Ses enfants dorment à même le sol, dans la poussière. Elle a bricolé une bâche avec un drap mais cela fait à peine de l'ombre pour son petit dernier, un bébé de huit mois.

Et le soleil cogne. La Croix-Rouge a distribué de l'eau, mais les enfants ont déjà tout bu. Cette mère n'a pas un franc pour acheter de l'arachide aux marchands qui traversent le camp.

Les Nations unies absentes

Et même si cela fait partie des missions de différentes agences de l'ONU, ces agences sont quasi absentes du site. Il y a seulement la trentaine d'humanitaires de Médecins sans frontière et les quelques livraisons de vivres assurées par la Croix-Rouge. Lindsy Hurum, la coordinatrice de Médecins Sans Frontières sur le camp affirme avoir rarement vu un tel chaos.

Cinq enfants meurent chaque jour dans le camp

Cinq enfants en moyenne meurent chaque jour dans ce camp : du paludisme, de déshydratation, d'anémie, de septicémie. Un vrai sentiment d'impuissance pour les médecins qui assurent péniblement 300 consultations par jour. Ils doivent trier hiérarchiser les cas

D'autant qu'il faut aussi prendre en compte les nombreux blessés, comme Maurice 32 ans, et qui porte deux énormes bandages aux mains et un sur la tête, bandages ensanglantés en partie, et qui n'ont pas été changés depuis six jours.

Un bloc opératoire improvisé

 Maurice fait la queue depuis trois heures pour être pris en charge par Tahir, un médecin belge qui a improvisé ce qui ressemble de très loin à un bloc opératoire. Tahir, les traits tirés, s'occupe d'une vingtaine de blessés chaque jour, et il n'a pas plus d'une minute à consacrer aux journalistes qui passent.

Sur le chemin vers la sortie du camp, les déplacés veulent tous parler dans le micro. Se crée un mouvement de foule : c'est finalement Pauline 57 ans qui prend la parole pour dire la rage qui anime ceux qui ont encore la force de se plaindre.

La détresse est incontrôlable pour ces Centrafricains qui se sentent prisonniers dans leur propre pays. Si la sécurité ne revient pas dans Bangui, ce  camp devrait s'agrandir encore et les civils s'y installer durablement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.