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Affaire Le Roux, la justice toujours à la recherche de la vérité

C'est l'un des plus grands et des plus anciens mystères de l'histoire judiciaire française. L'affaire Agnès Le Roux fait l'objet à partir de ce lundi à Rennes d'un troisième procès. Avec toujours un seul et même accusé : Maurice Agnelet, l'ancien amant de cette jeune femme mystérieusement disparue à l'automne 1977. Agnès Le Roux était l'héritière de l'un des plus grands casinos de Nice, le "Palais de la Méditerranée". L'accusé, qui était à l'époque un jeune avocat ambitieux et séducteur, l'aurait assassiné pour récupérer son argent. 
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Une longue saga judiciaire

Après avoir échappé à la
justice pendant de très longues années, Maurice Agnelet est jugé une première
fois en 2006 à Nice. Il est acquitté mais le parquet fait appel et l'année
suivante, Agnelet est reconnu coupable du meurtre d'Agnès Le Roux. Il est 
condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

L'avocat de Maurice Agnelet
porte l'affaire devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme et finit par
avoir gain de cause en janvier 2013. La justice française est condamnée par la
CEDH
car elle n'a pas motivé son verdict, dans un dossier caractérisé par le
manque de preuves formelles. Maurice Agnelet sort de prison. Dans la foulée la
Cour de Cassation est bien obligée d'organiser ce troisième procès.

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Pas
de preuves, pas de corps 

Agnès Le Roux s'est
littéralement volatilisé à la Toussaint 1977. On n'est même pas sûr du jour
exact de sa disparition. Et l'on n'a jamais retrouvé aucune trace d'elle. Ni sa
voiture ni un indice matériel, même très mince, qui aurait pu conforter
l'hypothèse criminelle. Pour l'avocat de Maurice Agnelet, François Saint-Pierre,
on ne peut pas condamner un homme avec aussi peu d'éléments : "On n'a pas la preuve de la mort de cette
jeune femme. On n'a pas la preuve des causes de la mort. Ou, quand, comment
aurait-elle été victime d'un homicide ? On n'en sait strictement rien...
"

Dans le camp adverse, dans
la famille Le Roux qui se bat depuis plus de 35 ans pour connaitre la vérité,
on ne partage évidemment pas la lecture de Maitre Saint-Pierre.

Pour Jean-Charles Le Roux,
le frère d'Agnès, le mobile du crime est par exemple tout à fait clair : "Une semaine après la disparition d'Agnès,
Maurice Agnelet a vidé son compte en banque sur lequel il avait une
procuration. Il a viré tous les fonds sur son propre compte. Il a fait
disparaitre le compte d'Agnès et a transféré le sien dans une autre banque pour
éviter qu'on le retrouve. Le mobile, c'est l'argent...
"

Y aurait-il une vérité
judiciaire

Jean-Charles Le Roux
poursuit et souligne l'attitude troublante de Maurice Agnelet après la
disparition : "Pendant des mois, il me rassure. Il me dit 'tout va bien. Ta
sœur est allée se mettre au vert. Je ne peux pas te dire exactement où.'
"

Si longtemps après les
faits, une vérité judiciaire sur cette affaire aura en tout cas bien du mal à
émerger. Enfin, l'incertitude règne sur la tenue de ce troisième procès. Maurice
Agnelet, qui a 76 ans aujourd'hui et qui a été marqué par ses années de
détention n'est pas très en forme selon son avocat. La Cour devra se pencher rapidement cet après-midi sur la question de sa capacité à comparaitre. Par
ailleurs, Maitre Saint-Pierre affirme qu'il va demander, d'emblée, l'abandon
des charges par le Parquet.

 

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