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Salaires des grands patrons : le débat n’est pas franco-français

Le sujet est aussi brûlant en Allemagne et en Grande-Bretagne ou encore en Norvège.
Article rédigé par Julie Bloch-Lainé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Carlos Ghosn © Bryan Thomas / GettyImages)

Le cas Carlos Ghosn a fait office d’étincelle. Le 29 avril, le conseil d’administration  de Renault a décidé de maintenir les 7,2 millions d’euros de rémunération de son PDG alors que les actionnaires s'étaient prononcés contre à 54%. Depuis, le gouvernement a dit à plusieurs reprises sa volonté de légiférer sur les salaires des grands patrons. Le Medef y est très hostile et prône l’autorégulation

Le sujet est aussi devenu sensible en Allemagne où les 63 millions de bonus distribués aux dirigeants de Volkswagen malgré le «  diesel gate » ont fait scandale

Au Royaume Uni aussi, certaines rémunérations ont provoqué une fronde des actionnaires. Chez BP notamment. Le géant pétrolier connaît des pertes  records et pourtant, le PDG Bob Dudley affiche un salaire de 17 millions d'euros. Ce qui n’a pas été du tout du gout des actionnaires. Ils ont voté contre cette rémunération à 59 %. Sauf que comme en France, ce "Say on Pay", ce vote des assemblées générales sur les salaires des dirigeants n' est que consultatif. Le conseil d'administration de BP a donc maintenu le salaire de Bob Dudley.  Même au pays d'Adam Smith, la main invisible de l' autorégulation a ses limites.

Le gouvernement  britannique a légiféré pour renforcer le pouvoir des assemblées générales.Depuis 2013, en plus du vote, consultatif, des actionnaires, sur le salaire annuel des PDG, les assemblées générales doivent aussi se prononcer tous les 3 ans, sur la politique de rémunération des dirigeants de l' entreprise: comment est définie la part fixe de la part variable ? comment sont fixés les bonus ? Sont-ils payés en cash ou en actions ? Et ce vote là est contraignant. Mais de peu de poids parce qu’il s'agit seulement  de se prononcer sur des principes généraux.

Généralisation du "Say on Pay"

Depuis une dizaine d’années, le principe  du "say on pay".s'est généralisé dans une vingtaine de pays : au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Espagne. Les actionnaires sont appelés à se prononcer sur le salaire des grands patrons. Cela dit dans la plupart des cas, ce vote n' est que consultatif même s'il y a des exceptions comme au Pays Bas, en Norvège, en Suède, et surtout en Suisse.

Pourtant quelque soit les modalités de cette consultation, ce système du "say on pay" n'a pas réussi à enrayer l' envolée des salaires des grands patrons.

Pour inciter les grandes entreprises à modérer les rémunérations, les Etats Unis misent désormais sur la transparence. Dès l' année prochaine, les plus grandes entreprises cotées devront ainsi rendre public l' écart entre la rémunération  du PDG et le salaire médian de leurs employés. Mais, c'est finalement peut-être du côté des actionnaires que viendront les pressions les plus efficaces. Le fond souverain norvégien, un des plus puissant au monde, actionnaire de plus de 9.000 entreprises, a récemment menacé de s'opposer aux salaires qu'il jugerait excessifs. Un exemple qui pourrait inspirer d'autres investisseurs. 

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