Loi Travail : la flexibilité peut-elle doper l'emploi ?
Le message aux entreprises est on ne peut plus simple : il s'agit de lever la peur d'embaucher ; d'encadrer les conditions dans lesquelles elles pourront se séparer d'un salarié pour qu'elles n'hésitent plus à le recruter.
Mais la réponse des économistes est bien plus complexe.
D'un côté, ceux qui estiment que les effets sur le marché du travail seront positifs. Ils citent en exemple l'Espagne, sa réforme qui facilite, entre autre, les licenciements économiques et son taux de chômage en baisse.
De l'autre, les sceptiques, qui estiment que faciliter les licenciements ne créera pas d'emploi.
Au contraire, cela pourrait même faire grimper le chômage, au début en tout cas. Pendant la crise, les entreprises françaises n'ont pas licencié autant qu'elles auraient dû, explique l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques. Si licencier devient plus simple, elles pourraient donc être de tentées de purger leurs effectifs, dans un premier temps. Avant de réembaucher, quand leur activité sera plus importante.
Aujourd’hui, les embauches se font très rarement en CDI : dans 8 cas sur 10 il s'agit d'un CDD.
C'est évidemment difficile. La loi peut encore évoluer. Le ministre du travail a rédigé une étude d'impact : sur près de 400 pages, pas de chiffre, pas d’évaluation précise !
Certains s'y sont tout de même risqués. Gérard Ballot, économiste à Paris 2, Jean-Daniel Kant et Olivier Goudet, informaticiens à Paris 6, ont fait tourner un modèle qui simule le marché du travail. Résultat : cela ne créerait pas vraiment plus d'emplois mais les CDI seraient bien plus fréquents et plus courts. Surtout, la flexibilité profiterait à ceux qui la contestent le plus : les jeunes ! Selon cette étude, les moins de 25 ans seraient d'avantage recrutés, au détriment des plus âgés, à commencer par les seniors.
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