Le mot de l'éco. Les classes moyennes sous pression
"Sous pression, la classe moyenne en perte de vitesse" : c'est le titre d'un rapport que vient de publier l'OCDE.
Le rapport que vient de publier l'OCDE sur les classes moyennes fait écho aux craintes de déclassement exprimées, dans des registres et à des degrés divers, par le mouvement des gilets jaunes, mais aussi par le vote pro-Brexit au Royaume-Uni.
Statistiquement, la classe moyenne correspond aux foyers qui gagnent entre 75 et 200% du revenu médian. Ce n’est pas la même chose que le revenu moyen. Le revenu médian, cela veut dire qu'il y a autant de personnes qui gagnent plus, autant qui gagnent moins. Mais au-delà des chiffres, le rapport de l’OCDE souligne que : "les classes moyennes sont le centre de gravité économique et démocratique" des pays développés. La source de la stabilité des sociétés modernes.
Niveau de vie en baisse depuis les années 80
Si on prend les 36 pays de l’OCDE, les revenus des classes moyennes ont certes progressé ces 10 dernières années, mais beaucoup moins vite que les revenus des 10% les plus riches et beaucoup moins aussi que l’évolution de leurs dépenses. En cause, l'explosion des coûts liés à la santé et à l’éducation. C'est particulièrement vrai aux Etats-Unis. En France, avec la sécurité sociale et l’école gratuite, c’est plutôt le prix du logement qui pèse sur les classes moyennes. Globalement, si on en revient à la moyenne OCDE, le logement, représente un tiers des revenus, contre un quart seulement il y a 30 ans. Résultat, un ménage sur deux a du mal à joindre les deux bouts.
Et d'autres évolutions fragilisent les classes moyennes : celles du marché du travail. D'un côté l’automatisation et la robotisation qui menacent directement un emploi sur six. De l’autre, de plus en plus de postes supposant un niveau élevé de qualification. Concrètement, cela veut dire qu'il ne suffit plus d'avoir des compétences moyennes pour faire partie de la classe moyenne, il faut être beaucoup plus diplômé qu'auparavant car les emplois moyennement qualifiés sont moins bien payés. Et ne permettent plus d'être au milieu de l’échelle sociale.
Mise en garde de l’OCDE
L’OCDE ne peut que constater "que le sentiment de vulnérabilité, les incertitudes se traduisent par une défiance envers les institutions publiques". L’OCDE fait donc des préconisations pour agir sur le coût de l’immobilier, sur les systèmes scolaires et sur la fiscalité, "principal outil pour favoriser l’équité".
Parmi les propositions : rendre l’impôt plus progressif pour les plus fortunés, plus équitable pour les classes moyennes. Transférer une partie de la fiscalité du travail vers le capital et le patrimoine. Et intensifier la lutte contre l’évasion fiscale des entreprises et des plus fortunés.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.