Le mot de l'éco. Le bio
Alors que le salon international de l'Agriculture 2018 se termine demain dimanche 4 mars, gros plan sur une agriculture qui se sent pousser des ailes, mais jusqu'où ?
Le salon international de l'Agriculture va fermer ses portes demain soir; 4 mars, et la question de l'agriculture bio revient en force sur le devant de la scène.
L'agriculture bio, une croissance à deux chiffres
Le nombre de producteurs bio a augmenté l'an dernier de 13,6% et les surfaces de 15%. C'est considérable, mais histoire de relativiser ça ne représente qu'un peu plus d'un million et demi d'hectares, soit 6,5% de la surface agricole utile. On est encore loin des 8% qui étaient inscrits dans le programme ambition bio 2017, et encore plus loin du cap fixé par le président de la République lorsqu'il a reçu les agriculteurs à l'Élysée la semaine dernière, 15% de la surface d'ici 2022.
Alors pour y parvenir, le gouvernement est en train de préparer un nouveau plan bio qui a pris un peu de retard. À l'origine, il aurait dû être présenté pendant les états généraux de l'alimentation. Après, on a plutôt parlé du salon de l'agriculture. Aujourd'hui, on est plutôt sur fin mars- début avril, parce que, dit-on au ministère de l'Agriculture, il faut encore mener beaucoup de concertations avec les ONG, les organisations syndicales, les autres ministères concernés. Beaucoup de monde donc, et beaucoup de temps. Sauf que, justement, le temps presse.
En tout cas ce sont les consommateurs qui se font de plus en plus pressants, ils en veulent, du bio, et de plus en plus ! Ils ont dépensé l'an dernier près de 8 milliards d'euros en produits bio. C'est un milliard de plus que l'année précédente. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Une étude estime que le marché pourrait peser 12 milliards d'ici deux ans ! C'est considérable.
Est-ce que la production va pouvoir suivre ?
Difficilement pour l'instant, surtout qu'aujourd'hui les industriels et la grande distribution affichent de grands appétits. Danone, Evian, entre autres, se lancent dans le bio, et ils en étaient assez loin jusque-là. Et surtout, il y a les supermarchés traditionnels. Carrefour a annoncé fin janvier qu'il voulait devenir le leader de la "transition alimentaire" comme il dit. Le groupe ambitionne de multiplier par 4 son chiffre d'affaires dans le bio. Leclerc, de son côté, a annoncé l'ouverture de 200 magasins bio d'ici 2020. De quoi tailler des croupières aux réseaux spécialisés type Biocoop ou La Vie Claire. De quoi surtout inquiéter les producteurs de bio.
Passer au bio, ça ne se fait pas du jour au lendemain, il faut compter techniquement deux à trois ans, selon les productions, et même plus, pour s'en sortir économiquement. 5 à 10 ans, selon la fédération nationale de l'agriculture bio. Du coup, que se passe-t-il aujourd'hui ? Pour satisfaire la demande, les grandes surfaces importent du bio jusqu'à 30% et ça, forcément, ça ne fait pas les affaires de l'agriculture française.
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