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Soumaïla Cissé, l'otage malien libéré avec Sophie Pétronin, une figure politique emblématique du Mali

Aux côtés de la Française Sophie Pétronin, libérée après quatre ans de captivité au Mali, il y avait deux Italiens et un homme politique malien, Soumaïla Cissé. Sa libération est un atout politique pour les militaires au pouvoir.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Soumaïla Cissé, figure politique emblématique au Mali, à Bamako, en 2018. (MICHELE CATTANI / AFP)

Les militaires qui ont - en douceur - renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) le 18 août ne s'en cachaient pas : la libération d'otages était une de leurs priorités.

Mais il s'agissait moins de Sophie Pétronin ou des deux Italiens également retenus par un groupe djihadiste que de Soumaïla Cissé, figure politique emblématique au Mali.

Trois fois candidat à la présidentielle

Chef de l’opposition, trois fois candidat à l’élection présidentielle, trois fois battu tout près de la ligne d'arrivée : Soumaïla Cissé avait été kidnappé il y a six mois pendant qu’il faisait campagne pour les législatives dans la région de Tombouctou.

Son enlèvement avait été un véritable choc pour tout le pays. Il avait même largement nourri la colère des manifestants contre l'ancien chef de l’État. Parce qu'officiellement, Ibrahim Boubacar Keïta refusait d'ouvrir des discussions avec les djihadistes (même s'il avait fini par infléchir sa position). Au contraire de la junte qui, elle, a très vite a choisi de négocier avec les groupes armés.

Le président a été investi le 25 septembre. Dès le 26 septembre, j'ai enregistré une vidéo pour donner signe de vie

Soumaïla Cissé

Alors hier soir, Soumaïla Cissé a commencé par saluer ses libérateurs. "J'ai passé six mois dans des conditions de vie très difficiles, dans un isolement quasi permanent, a déclaré l'homme politique malien. Mais je n'ai subi aucune violence, ni physique ni verbale. Aujourd'hui je veux remercier les nouvelles autorités maliennes - qui ont changé pendant mon absence !"

"Le président a été investi le 25 septembre. Dès le 26 septembre, j'ai fait pu enregistrer une vidéo, à la demande de mes ravisseurs, pour donner signe de vie. Le président a été très efficace. Je tenais à le remercier pour ça", a ajouté Soumaïla Cissé.

Une diligence qui a bénéficié bien sûr à Sophie Pétronin, dont le dossier s'est greffé à celui de Soumaïla Cissé - dans une procédure de négociation extrêmement complexe qui conserve beaucoup de zones d'ombres.

Tandis que la Française retrouvait jeudi 8 octobre, au soir, les bras de son fils dans un moment extrêmement émouvant, Soumaïla Cissé, lui, faisait un retour public triomphal, défilant à bord d'une voiture parmi ses partisans, debout, les bras levés à travers le toit ouvrant.

Grâce à sa libération, à celle de Sophie Pétronin et aussi à celle de deux otages italiens, les militaires qui se sont engagés à transmettre le pouvoir aux civils gagnent en popularité, en légitimité.

Plus de 200 jihadistes libérés 

À quel prix ? En quelques jours, plus de 200 prisonniers jihadistes ont été sortis des prisons maliennes, et acheminés en avion dans le nord du pays où ils ont été relâchés. Du jamais vu.

La plupart de ces combattants islamistes sont présentés comme de "petits poissons" qui n'avaient pas été jugés mais des cadres affiliés à al Qaïda font partie du lot, notamment un des lieutenents de Mokhtar Belmoktar, impliqué dans plusieurs attentats meurtriers.

Leur retour dans une région où ils ne cessent d'élargir leur emprise, où la situation sécuritaire est très dégradée crée beaucoup d'inquiétude. D'autant que le Sahel est depuis le début de l’année le théâtre d’une guerre ouverte entre les deux filiales locales de l'Etat islamique et d'Al-Qaida.

Les nouvelles autorités maliennes espèrent toutefois que ces libérations vont permettre d'apaiser les relations et permettre d'avancer sur les accords de paix (les Accords d'Alger) signés en 2015, mais jamais appliqués.

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