Sahel : des ONG dénoncent la décision de la France de suspendre l’aide publique au développement au Niger et au Burkina Faso
Quelque 184 associations alertent, jeudi 28 septembre, sur la suspension des aides au développement versées par la France au Burkina Faso et au Niger, avec l'appel à l'aide des ONG françaises. La vie de millions de gens est en jeu.
Ces 184 ONG, associations sont regroupées au sein du collectif Coordination SUD et si elles parlent aujourd'hui, c'est parce qu'elles s'inquiètent d'une possible utilisation de l'aide humanitaire comme arme politique par la France, du jamais vu. D'habitude, la France distribue son aide de deux façons. Soit elle finance des infrastructures, des routes, des ponts, avec de l'argent qui passe par les états ou les collectivités concernées, soit elle s'engage dans des plans d'actions avec l'aide des ONG qui ont pour mission d'intervenir directement auprès des populations. Or d'habitude, quand il y a un problème, la France ferme le premier robinet pour faire pression avec l'État avec lequel elle est fâchée, mais continue de financer les ONG qui distribuent l'aide humanitaire.
Des associations ne pourront pas finir le mois
Au Sahel, ce n'est plus le cas, la France ne finance plus rien et cela ressemble grandement à du chantage humanitaire déplore Manuele Derolez, membre de la coordination pour Terre solidaire. "Cela ne doit pas devenir une arme politique, dit-elle. Jusqu'à maintenant et c'est une tradition française, l'aide n'a jamais été conditionnée à la situation des pays.
"On souhaite attirer l'attention sur le fait que l'aide doit rester tournée vers la solidarité."
Manuele Derolez, membre de la coordination pour Terre solidaireà franceinfo
Ce débat ne concerne d'ailleurs pas que les ONG. Il touche aussi le monde de la culture et de l'éducation.
Cette suspension des aides va avoir des conséquences dramatiques sur le terrain. Couper les subventions aux associations et aux sociétés civiles locales, c'est priver des centaines de milliers voir des millions de personnes d'aide. Coordination SUD chiffre le manque à gagner à 200 millions d'Euros. Certaines associations ne pourront pas finir le mois à venir. "L'urgence aujourd'hui, c'est que nous devons faire en sorte que nous sanctuarisons l'aide qui permet de maintenir des services vitaux, éducation, santé, alimentation aux populations qui sont dans des situations humanitaires dramatiques, estime Frédéric Apollin, d'Agronomes et Vétérinaires sans frontières qui souhaite que la France revoit sa politique. L'urgence c'est de sanctuariser cette aide-là."
La coordination rappelle que l'exemple au Mali où l'aide n'a pas été suspendue mais coupée a eu une incidence directe avec la disparition de nombreuses associations locales. Elle ajoute aussi que même l'Europe ne remet pas en cause son soutien aux ONG et continue de venir en aide aux neuf millions de personnes en difficulté dans la région.
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