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Sahel : des ONG dénoncent la décision de la France de suspendre l’aide publique au développement au Niger et au Burkina Faso

Avec cette évolution, de nombreuses ONG ne pourront plus intervenir faute de moyens. Les conséquences risquent d'être désastreuses pour des centaines de milliers voir des millions de personnes.
Article rédigé par franceinfo, Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
De de nombreux enfants, déplacés, viennent se réfugier dans la ville de Kaya dans le Nord-Est du Burkina Faso, en Novembre 2019. (NATAHANEL CHARBONNIER / RADIO FRANCE)

Quelque 184 associations alertent, jeudi 28 septembre, sur la suspension des aides au développement versées par la France au Burkina Faso et au Niger, avec l'appel à l'aide des ONG françaises. La vie de millions de gens est en jeu.

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Ces 184 ONG, associations sont regroupées au sein du collectif Coordination SUD et si elles parlent aujourd'hui, c'est parce qu'elles s'inquiètent d'une possible utilisation de l'aide humanitaire comme arme politique par la France, du jamais vu. D'habitude, la France distribue son aide de deux façons. Soit elle finance des infrastructures, des routes, des ponts, avec de l'argent qui passe par les états ou les collectivités concernées, soit elle s'engage dans des plans d'actions avec l'aide des ONG qui ont pour mission d'intervenir directement auprès des populations. Or d'habitude, quand il y a un problème, la France ferme le premier robinet pour faire pression avec l'État avec lequel elle est fâchée, mais continue de financer les ONG qui distribuent l'aide humanitaire. 

Des associations ne pourront pas finir le mois

Au Sahel, ce n'est plus le cas, la France ne finance plus rien et cela ressemble grandement à du chantage humanitaire déplore Manuele Derolez, membre de la coordination pour Terre solidaire. "Cela ne doit pas devenir une arme politique, dit-elle. Jusqu'à maintenant et c'est une tradition française, l'aide n'a jamais été conditionnée à la situation des pays. 

"On souhaite attirer l'attention sur le fait que l'aide doit rester tournée vers la solidarité."

Manuele Derolez, membre de la coordination pour Terre solidaire

à franceinfo

Ce débat ne concerne d'ailleurs pas que les ONG. Il touche aussi le monde de la culture et de l'éducation.

Cette suspension des aides va avoir des conséquences dramatiques sur le terrain. Couper les subventions aux associations et aux sociétés civiles locales, c'est priver des centaines de milliers voir des millions de personnes d'aide. Coordination SUD chiffre le manque à gagner à 200 millions d'Euros.  Certaines associations ne pourront pas finir le mois à venir. "L'urgence aujourd'hui, c'est que nous devons faire en sorte que nous sanctuarisons l'aide qui permet de maintenir des services vitaux, éducation, santé, alimentation aux populations qui sont dans des situations humanitaires dramatiques, estime Frédéric Apollin, d'Agronomes et Vétérinaires sans frontières qui souhaite que la France revoit sa politique. L'urgence c'est de sanctuariser cette aide-là." 

La coordination rappelle que l'exemple au Mali où l'aide n'a pas été suspendue mais coupée a eu une incidence directe avec la disparition de nombreuses associations locales. Elle ajoute aussi que même l'Europe ne remet pas en cause son soutien aux ONG et continue de venir en aide aux neuf millions de personnes en difficulté dans la région. 

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