Russie : un Moscovite condamné à cinq ans de camp de travail pour avoir critiqué la guerre en Ukraine
Il avait été interrogé à la sortie d'une station de métro de Moscou, par Radio Liberty, à l'époque où elle pouvait encore exercer en Russie, en juillet 2022, six mois après le début de l'invasion de l'Ukraine. L'homme interviewé y disait que "cette guerre a été déclenchée par Poutine et sa clique", que "rien ne la justifie" et surtout, il dénonçait le bombardement des populations civiles et le massacre de Boutcha commis par l'armée russe. Ce micro-trottoir, diffusé en format vidéo, a donc été très facilement retrouvé par les services de sécurité russes, particulièrement efficaces en la matière. Youri Kokhovets a assumé ses propos avant de se rétracter partiellement.
Un cas significatif dans le contexte russe de répression et de censure
Son cas est devenu malheureusement classique ; cinq ans de prison pour de simples mots, cela n'étonne plus personne en Russie. La loi sur la discréditation des forces armées permet d'aller jusqu'à dix ans. Ce sont des peines très lourdes qu'on ne voyait plus plus même à la fin de l'URSS. Pour les autorités, Youri Kokhovets a franchi la ligne rouge en mettant en cause directement Vladimir Poutine et en évoquant Boutcha, qui est une manipulation des Occidentaux pour le Kremlin.
Mais Youri Kokhovets est aussi devenu le premier Russe poursuivi pour avoir répondu à un média étranger. Et son cas a lancé un débat sur la protection des citoyens russes qui acceptent de parler à des médias occidentaux, sans se censurer. Le correspondants de franceinfo à Moscou y est lui-même confronté régulièrement. L'anonymat est devenu presque systématique aujourd'hui, quand il s'agit de parler de la guerre avec des Russes, ou même parfois de quelque chose qui n'a qu'un lointain rapport avec le pouvoir. Les conséquences peuvent être judiciaires, mais elles peuvent aussi être d'ordre professionnel, on peut perdre son emploi pour quelques mots. L'anonymat n'est jamais satisfaisant en matière de journalisme, mais il devient pourtant la règle aujourd'hui en Russie.
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