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Russie : un haut dirigeant quitte le pays pour aller se battre en Ukraine

Igor Volobuev, un haut cadre de la société russe Gazprombank a quitté Moscou pour prendre les armes au côté des forces de défense territoriale ukrainiennes.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le logo de la banque russe Gazprombank, filiale du géant énergétique Gazprom, dans ses bureaux à Moscou, le 27 avril 2022. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Il y a quelques semaines encore, Igor Volobuev était vice-président de l'une des banques les plus prestigieuses du pays : Gazprombank, branche financière du géant énergétique Gazprom et proche du Kremlin. Mais Igor Volobuev a démissionné. Le 2 mars, il a quitté la Russie. Pas seulement pour fuir, mais pour s'engager : aujourd'hui installé à Kiev, il dit vouloir combattre au côté des forces de défense territoriale.

Car il est né Ukrainien, à Akhtyrka, dans le nord-est du pays, où il a passé les 18 premières années de sa vie. "Je ne pouvais pas resté les bras croisés pendant que la Russie dévastait ma mère patrie", dit-il. "Les Russes ont tué mes connaissances, mes amis proches. Des gens que je connaissais depuis l'enfance m'ont dit qu'ils avaient honte de moi" témoigne-t-il devant la caméra.

"Mon retour est un acte de repentance. Je veux me laver de mon passé russe". "Je resterai en Ukraine jusqu'à la victoire". Ces mots lourds, le haut dirigeant les a confiés ce mardi 26 avril à deux médias indépendants : un site ukrainien, Liga, et une plate-forme d'investigation russe, the Insider, qui travaille désormais depuis l'étranger.

Plusieurs défections

Igor Volobuev n'est pas la premier haut dirigeant ou haut fonctionnaire russe à faire défection. Trois noms déjà ont circulé : Lev Khasis, du conseil d'administration de la Sberbank, Anatoli Tchoubaïs, fonctionnaire spécial au Kremlin, et Andrey Panov, directeur général adjoint d'Aeroflot, la plus grande compagnie aérienne russe. Tous les trois ont quitté brusquement leur poste et la Russie. Sans dire pourquoi, mais en évitant soigneusement de critiquer le Kremlin même depuis l'étranger. "La vie d'avant, c’est fini", a simplement publié sur Facebook le directeur d'Aeroflot le 12 mars.

Globalement, les hauts dirigeants et oligarques ne sont pas très nombreux à avoir ouvertement manifesté leur opposition à la guerre en Ukraine. On se souvient des mots très durs de Vladimir Poutine les qualifiant de "traîtres" et de "5e colonne de l'occident".

Propos courageux

Igor Volobuev, lui, est un peu plus loquace. Il évoque également la vague de suicides qui depuis quelques semaines touche les oligarques, en Russie comme à l'étranger. Notamment la mort de l'un de ses collègues, le premier vice-président de la Gazprombank, Vladislav Avaev, retrouvé mort par balles il y a dix jours, dans son appartement de Moscou, avec son épouse et sa fille. Et aussi celle de Sergey Protosenya, ancien directeur du géant russe de l'énergie Novatek, le lendemain, en Espagne, là encore avec sa femme et sa fille.

Il ne les connaissait personnellement ni l'un ni l'autre, il n'a pas de preuves mais une intime conviction : "Je ne crois pas qu'il s'agisse de suicides", affirme-t-il. Et sans frémir, à visage découvert face à la caméra, il juge que la mort d'Avaev "pourrait avoir été mise en scène parce qu'il en savait peut-être trop". Des propos courageux. Volobuev a visiblement décidé de se battre contre le Kremlin avec les mots autant qu'avec les armes. 

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