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Russie : l'impact démographique et économique de la guerre en Ukraine

Alors que la Russie est confrontée à la pire vague de sanctions économiques prises contre une nation, le chômage est à son plus bas historique. Une bonne nouvelle, seulement en apparence.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président russe Vladimir Poutine en visite dans une usine en Sibérie le 14 mars 2023 (VLADIMIR GERDO / SPUTNIK)

Drôle de paradoxe : la Russie est en récession sous l'effet des sanctions (certes l'économie russe résiste mieux que prévu, mais le PIB a baissé de 2 à 4% l'an dernier selon les sources), et dans le même temps, le chômage est historiquement faible. 3,5% de la population active est sans emploi seulement, un point de moins qu'il y a 18 mois. Et cela est dû non pas au trop-plein d'offres d'emploi, mais à la faiblesse de la demande.

Même Vladimir Poutine l'a reconnu cette semaine. La Russie connaît une grave pénurie de travailleurs dans de nombreux domaines, a expliqué le chef du Kremlin pourtant pas toujours très enclin à souligner les faiblesses de son économie. Il a donc expliqué qu'il fallait mieux utiliser la main-d'œuvre des régions où le chômage est plus élevé, accélérer l'automatisation de certains secteurs, et surtout renforcer la formation. C'est en effet sur les postes les plus qualifiés que la tension est la plus forte.

Explications : le conflit en Ukraine et la baisse de la natalité 

D'après une étude récente du cabinet de consulting Finexpertiza, la Russie a perdu 1,3 million de jeunes travailleurs entre décembre 2022 et décembre 2023. C'est surtout chez les moins de 35 ans que le marché du travail s'est asséché. Et du coup on entrevoit bien les raisons de cette chute : la fuite de jeunes hommes voulant échapper à la mobilisation ou au contraire la mobilisation d'autres jeunes partis en Ukraine privent l'économie russe de centaines de milliers de travailleurs.

À cela s'ajoute un problème démographique qui ne date pas d'hier : iI n'y a pas assez de naissances. Une récente étude de la haute école d'économie de Moscou estime que la Russie a besoin d'environ un million de migrants tous les ans pour maintenir sa population. Si la Russie n'accueillait plus de migrants, sa population en 2100 serait de 67 millions d'habitants, c'est-à-dire la moitié de ce qu'elle est aujourd'hui. La guerre en Ukraine amplifie un phénomène qui risque de conduire l'économie russe dans le mur.

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