Royaume-Uni : inquiet pour sa sécurité, un député renonce à se représenter

L'annonce fait beaucoup de bruit au Royaume-Uni : un député, élu de longue date, choisit de ne pas briguer un nouveau mandat parce qu'il a peur pour sa vie.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le député conservateur Mike Freer après sa victoire aux élections législatives de 2019 à Londres (JACOB KING / MAXPPP)

Des élections législatives doivent être organisées avant la fin de l'année au Royaume-Uni. Élu depuis 14 ans dans une circonscription du nord de Londres, Mike Freer ne sera donc plus député britannique dans quelques mois : il a annoncé renoncer à solliciter un nouveau mandat, en raison de craintes pour sa sécurité.

Il a des raisons objectives de s’inquiéter. Cette semaine, un homme a été interpellé après lui avoir passé un coup de fil menaçant. Ce n’est malheureusement pas le pire. À la veille de Noël, son bureau a été incendié, et deux personnes ont été interpellées pour incendie criminel avec l’intention de mettre la vie en danger. Il a également retrouvé récemment de faux cocktails molotov posés sur les marches de sa permanence. Les menaces sont devenues quasi-quotidiennes pour cet élu du nord de Londres. Il représente la circonscription où se trouvent le plus grand nombre d’électeurs juifs et il prend régulièrement des positions pro-israéliennes. Au moment d’annoncer son retrait, il a dénoncé l’antisémitisme ambiant, qu’il relie directement à ces intimidations.

Mike Freer a échappé de peu à un terroriste islamiste

Mike Freer avait également découvert avec effroi qu’un terroriste islamiste s’était renseigné à son sujet, il y a un peu moins de trois ans. Il était même venu dans sa circonscription à un moment où Freer aurait dû être présent mais il avait changé ses plans au dernier moment. Le terroriste est finalement passé à l’acte, dans l’est du pays : il avait poignardé à mort le député David Amess en octobre 2021. Ce qui fait dire à Freer aujourd’hui qu’il a "de la chance d’être en vie." Depuis, son équipe et lui portent des gilets pare-balles lors des apparitions publiques.

L’annonce de ce retrait crée évidemment des remous dans la classe politique, à commencer par l'adversaire désignée de Mike Freer pour la future élection. La candidate travailliste s’est dite choquée et déplore de ne pas pouvoir débattre avec lui sur la base des idées lors de la prochaine campagne. Plusieurs élus, de tous bords, ont affiché leur soutien à Mike Freer. Un ancien ministre conservateur parle d’une "décision totalement compréhensible." Le sujet est très sensible dans le pays depuis l'assassinat de David Amess il y a deux ans et demi. Et tout le monde se souvient de Jo Cox, cette députée tuée par un suprémaciste blanc alors qu’elle faisait campagne en 2016.

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