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Réforme migratoire : après des années de discussions, les pays de l'Union européenne tombent d'accord sur un texte plus restrictif

Pour une fois, les 27 sont d'accord. Les Européens ont validé mercredi l'ultime chapitre de la future politique migratoire de l'Union, qui durcit les conditions d'accueil des demandeurs d'asile et favorise une répartition des efforts sur l'ensemble du continent.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le nouveau texte autorise d'allonger la durée de détention des migrants aux frontières extérieures de l'Union jusqu'à 40 semaines. (LP / BENOIT DURAND / MAXPPP)

Pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, c'est même "un tournant historique". Depuis la crise des réfugiés syriens et afghans en 2015, les discussions étaient sans fin à propos des solutions en cas d'afflux massif d'exilés dans un pays de l'Union européenne. Une entente a été finalement trouvée mercredi 4 octobre pour réformer la politique migratoire européenne. II aura fallu quasiment quatre ans de ces controverses, paralysies et psychodrames dont l'enceinte européenne a le secret pour enfin arriver à un compromis.

Un texte moins protecteur

Les ambassadeurs des 27 pays ont pu mettre un point final au dernier chapitre du Pacte asile et migration, "in extremis" avant le sommet des chefs d'État vendredi en Espagne. Un chapitre majeur puisqu'il définit comment s'organiser, à 27 par temps de crise, en cas d'afflux massif et exceptionnel de migrants, comme en 2015-2016.

Le texte autorise la mise en place d'un régime dérogatoire bien moins protecteur que les dispositions actuelles. Il permet, par exemple, d'allonger la durée de détention des migrants aux frontières extérieures de l'Union, jusqu'à 40 semaines... et au contraire, à l'intérieur, d'aller plus vite dans l'examen de certains dossiers, pour pouvoir les renvoyer plus facilement. 

Mais ce texte prévoit aussi des mesures de solidarité, avec une répartition des migrants dans les 27 États et des participations financières pour ceux qui refusent. 

>> Immigration : la France compte plus de 547 000 réfugiés, avec plus de 56 000 demandes d'asile acceptées en 2022

Ne pas laisser l'extrême droite s'emparer du sujet

La réforme bloquait jusqu'ici à cause de Rome et Berlin, pour des raisons totalement différentes. L'Allemagne jugeait le texte trop dur et réclamait plus de garanties humanitaires pour les migrants. Rome au contraire le trouvait trop conciliant.

La coalition droite-extrême droite de Giorgia Meloni n'accepte pas de voir le pays d'Olaf Scholz subventionner avec largesse un grand nombre d'ONG de sauvetage en mer, dont les bateaux ramènent les migrants vers les ports italiens. Le sujet pour l'instant n'est pas réglé, mais les deux pays ont donné leur feu vert, ce qui a permis d'arriver à la majorité qualifiée. Cette question migratoire qui suscite tant de dissensions parmi les Européens fait aujourd'hui l'objet de convergences inattendues.

Ce texte ne peut pas s'appliquer tout de suite, il va être redébattu renégocié par les eurodéputés, mais c'est la dernière pierre de l'édifice. Il ouvre la porte à l'adoption de l'ensemble du Pacte asile et migration, qui compte au total une dizaine de règlements plutôt restrictifs. L'idée est de régler l'affaire avant les élections européennes de juin 2024 et de ne pas laisser l'extrême droite s'emparer du sujet.

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