Papouasie-Nouvelle Guinée : un glissement de terrain ravage une province de l’île principale du pays

Les équipes de secours s'affairent depuis vendredi pour accéder à une province d'Enga, isolée dans le nord de l'île du Pacifique et difficile d'accès. Les autorités ont exprimé leur pessimisme quant à la possibilité de retrouver des rescapés après le glissement de terrain où 2000 personnes ont été ensevelies.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un homme participant aux efforts de creusement sur le site d'un glissement de terrain dans le village de Mulitaka, dans la région de Maip Mulitaka, dans la province d'Enga en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le 28 mai 2024. (HANDOUT / UN DEVELOPMENT PROGRAMME)

Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle Guinée a ordonné, mardi 28mai, à des milliers d'habitants d'évacuer une zone se trouvant sur la trajectoire de possibles éboulements, alors qu'un glissement de terrain est "toujours actif", après avoir enseveli plus de 2 000 personnes, selon les dernières estimations. Cet archipel océanien grand comme l’Espagne, peuplé de 10 millions d’habitants était sous les radars de l’actualité, jusqu’à ce drame survenu jeudi. Il n'y a quasiment aucun espoir de retrouver des survivants.
 
Ce n'est pas une mission de "sauvetage", mais de "récupération des cadavres". Les mots, glaçants, sont ceux d'un représentant de l'Unicef présent sur place. Cinq corps seulement ont été excavés et les images sont saisissantes. Une forêt très dense, comme tailladée par une coulée de terre ocre et de blocs de pierres, profonde de six à huit mètres. Le village de Yambali, dans la région reculée des hautes terres, au cœur de l’île principale du pays, a été emporté en pleine nuit par l’effondrement de la montagne. Depuis cinq jours, les familles des disparus recherchent les dépouilles de leurs proches avec des fourches et des pioches, elles-mêmes menacées par un nouveau glissement de terrain. La montagne continue de se désagréger, et les eaux souterraines de couler. 

L’un des climats les plus humides au monde


Le danger est permanent pour les survivants et pour les équipes de secours, qui peinent à intervenir. La zone est montagneuse, naturellement isolée. On est à 600 km de la capitale et le glissement de terrain a détruit 200 mètres de la seule voie d’accès à la région. Les blocs de pierre doivent être déplacés par des engins de chantier, dont les habitants refusent l’intervention de peur que cela porte atteinte à l’intégrité des corps. La colère contre les autorités pourrait dégénérer.


Ce glissement de terrain a sans doute été provoqué par les fortes pluies des dernières semaines. Le pays a l’un des climats les plus humides au monde. En plus d’être régulièrement secoué par des éruptions volcaniques, il est particulièrement vulnérable au changement climatique, entre la montée des eaux sur les littoraux et la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes.
 
Les autorités locales évoquent 2000 victimes, mais ce chiffre est sujet à caution. On ne connaît pas la population exacte de Yambali, peut-être 4000 habitants, dont des chercheurs d’or des hautes terres, mais aussi des familles qui ont fui les violences tribales. Des conflits territoriaux anciens, aggravés par la circulation croissante des armes à feu. Ces exactions rendent impraticables la route d'accès au secteur la nuit et compliquent encore l'intervention des secours et des humanitaires. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.