Naufrage meurtrier en Grèce : l'hypothèse d’un remorquage raté par les garde-côtes grecs soulevée par une enquête indépendante
Vous vous souvenez sûrement de ce terrible naufrage, au large de Pylos. Ce bateau, un chalutier, surchargé de migrants a chaviré au large de la Grèce, dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin. Le bilan officiel est de 79 morts, quand 450 et 700 personnes était à bord, selon l’ONU et l'Organisation Internationale pour les migrations (OIM). Et seulement une centaine de survivants : des hommes. Les femmes et les enfants ont été piégés, noyés, à l’intérieur de l’embarcation. Alors, que s’est-il passé ? Qu’ont fait exactement les garde-côtes ?
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Très vite, dans les jours qui suivent, leur version officielle est questionnée. Ils expliquent alors qu’ils ont proposé au capitaine du bateau de pêche d’intervenir. Sans succès. Près d’un mois plus tard, une enquête de fond, du Guardian, de la chaine publique allemande ARD et d’autres médias, présente une nouvelle fois, une toute autre version des faits, avec reconstitution 3D.
Des téléphones confisqués
Selon cette enquête, c'est une tentative de remorquage ratée qui a coulé le navire. Pour arriver à cette conclusion, les journalistes ont consulté beaucoup de documents et interrogé une vingtaine de survivants sur les 104 personnes rescapées. Plusieurs racontent un choc : "L’impression d’avoir été propulsés en avant". Sept témoins évoquent aussi une corde, accrochée au chalutier.
Les journaux qui ont d’ailleurs enquêté sur ce naufrage ont récolté aussi, ce type de témoignages depuis un mois. Pourquoi faire ce remorquage ? Pour les sauver ? Il y a là, un doute terrifiant. Selon les récits recueillis par les procureurs grecs, les gardes-côtes ont expliqué aux personnes à bord qu’ils les emmenaient vers l’Italie. "J’ai l’impression, raconte un survivant, qu’ils ont essayé de nous pousser hors des eaux grecques". Sauf que... il n’y a pas d’images : aucune vidéo ou de preuves visuelles. Et les gardes-côtes grecs démentent en bloc toute tentative de remorquage.
Pourtant, les navires des gardes-côtes grecs sont équipés de caméras thermiques, mais cette enquête sidérante explique qu’elles n’ont pas été allumées, et que rien n’a été enregistré. Les gardes-côtes expliquent qu’ils étaient "trop concentrés sur les opérations de sauvetage". Certains rescapés avaient bien filmé la scène, oui, mais leurs téléphones, disent-ils, ont été confisqués. L’enquête en Grèce est toujours en cours.
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