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Le Vatican rend trois marbres au Parthénon, un geste historique... qui fait monter la pression

Le Vatican va rendre à la Grèce trois fragments du Parthénon jusqu'ici conservés dans ses musées. Une cérémonie est organisée ce vendredi à Athènes, qui a fait de ces restitutions un combat culturel et diplomatique.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Tête de jeune homme, de la frise nord du Parthénon, restituée à la Grèce. (ARIS MESSINIS / AFP)

Ces sculptures de marbre représentent deux visages ainsi qu'une tête de cheval, crinière au vent, c'est l'un de ceux qui tire le char de la déesse Athéna, scène visible sur le fronton ouest du temple. En vertu d'un accord signé le mardi 7 mars à Rome par les autorités grecque et vaticane, ces fragments exposés depuis plus de 150 ans dans les musées pontificaux vont donc retrouver, vendredi 24 mars, leur berceau originel et être exposés au musée de l'Acropole. C'est un don historique et symbolique, non pas à l'État mais à l'Église orthodoxe grecque avec laquelle le pape François cherche à apaiser les relations.

Un patrimoine pillé au XIXe siècle

C'est historique mais ce n'est pas la première fois que le Vatican restitue un morceau du Parthénon. En 2008, déjà, il avait rendu un fragment. Le Parthénon, érigé il y 2 500 ans, est l'un des sites antiques les plus célèbres au monde, inscrit au patrimoine culturel de l'Unesco.

Mais au début du XIXe siècle, un diplomate britannique, Lord Elgin, personnage sulfureux chargé d’étendre l’influence britannique en Orient, n'hésite pas à piller le site et à revendre les sculptures qui se retrouvent ainsi disséminées dans toute l'Europe. Après son indépendance, la Grèce tente de reconstituer son trésor antique. Au XXe siècle, au début des années 80, elle se lance dans une grande campagne de restitution avec il faut le dire, assez peu de succès. Alors que par ailleurs de plus en plus d'œuvres d'art africaines spoliées pendant la colonisation retournent elles à leur pays d'origine.

Le British Museum fait de la résistance

Les Britanniques, notamment, refusent de rendre les marbres qui sont en leur possession. Un ensemble exceptionnel dont une frise de 75 mètres de long et une cariatide. Ce sont les deux pièces maîtresses du British Museum, elles y sont depuis 1832.

Le directeur pourtant semblait prêt à les restituer, en début d'année des rumeurs ont fait état de négociations secrètes, immédiatement balayées par le gouvernement. Ces pierres font désormais partie de la culture britannique, elles ne bougeront pas d'un millimètre. Le Premier ministre Richie Sunak l'a encore confirmé la semaine dernière. Pas question d'ouvrir la boîte de Pandore et de se lancer dans une politique de restitution généralisée.

La Grèce sait qu'elle n'obtiendra rien des Anglais, mais elle vise aussi les musées qui possèdent des marbres du Parthénon beaucoup moins prestigieux : il y en a par exemple au Louvre, mais aussi au Danemark, à Vienne ou à Wurtzbourg en Allemagne. Athènes aimerait que le geste du Vatican aujourd'hui réussisse à les convaincre de faire la même chose.

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