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Le lent accès des femmes au travail en Arabie Saoudite : 28 000 candidates ont postulé pour 30 postes de conductrices de train

En Arabie saoudite, lentement mais sûrement les femmes rejoignent le marché du travail. Elles vont même bientôt pouvoir conduire des trains.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une employée du chemin de fer à grande vitesse Haramain à Jeddah (Arabie Saoudite). Photo d'illustration. (GIUSEPPE CACACE / AFP)

Les femmes vont pouvoir conduire des trains en Arabie saoudite. Pour être précis il s'agit de tout nouveaux trains à grande vitesse qui depuis 2018 relient La Mecque à Médine en passant par l'aéroport international de Djeddah. Un tronçon de 450 kilomètres de plus en plus fréquenté par les Saoudiens. Son exploitant c'est la Renfe, une société ferroviaire espagnole, qui emploie du personnel local. Aujourd'hui la Renfe a besoin de conducteurs supplémentaires. Ou plutôt de conductrices. L'opération recrutement lancée en janvier ne cible que les femmes. Pour leur permettre un meilleur accès au marché du travail 30 postes leur sont spécifiquement réservés.

Or en un mois seulement, 28 000 Saoudiennes entre 22 et 30 ans se sont inscrites aux épreuves de sélection en ligne, destinées à évaluer leur dossier scolaire et leur niveau d'anglais. 28 000 pour 30 places. La moitié d'entre elles ont passé cette première étape. Elles devront faire d'autres tests, des entretiens et au bout du bout, à la mi-mars, les 30 finalistes seront formées pendant un an tout en étant rémunérées. Une fois diplômées elles deviendront en 2023 les toutes premières conductrices de train de l’histoire de l’Arabie saoudite. Et c'est loin d'être une anecdote dans un pays où les femmes ne sont autorisées à conduire des voitures que depuis trois ans.

Les femmes saoudiennes veulent contribuer aux revenus de leur foyer

Ces dernières années, le prince héritier Mohammed ben Salmane a levé certaines restrictions. Il y a dix ans par exemple les femmes n'avaient pas le droit de travailler ailleurs que dans des bureaux, loin du regard des hommes. En 2018, seulement deux Saoudiennes sur 10 avaient un emploi ou en cherchaient un. C'était l'un des taux d'activité des femmes les plus bas du monde. On est passé à un peu plus de trois sur 10. La mutation est extrêmement rapide. Le royaume reste régi par un islam rigoriste et patriarcal mais il est en train de se moderniser, c'est aussi une nécessité économique. Sortir du tout-pétrole et d'une société de rente ne pourra pas se faire sans les femmes qui représentent environ 45% de la population.

Selon Rosalina Reyes Ges, représentante de Renfe, le succès de cette offre d’emploi s’explique par l’“envie des femmes saoudiennes de faire partie de la mutation économique et sociale qui s’opère dans leur pays. Elles ont vu là la possibilité de faire un travail différent. Un travail qui est habituellement fait par des hommes.” D’un point de vue plus prosaïque, les saoudiennes veulent aussi “gagner une indépendance économique et contribuer aux revenus de leur foyer." Sauf qu'en matière de droits, il y a encore des progrès à faire. Notamment sur le système de tutelle masculine qui perdure en partie et relègue les femmes adultes au statut juridique de mineures. Une campagne en ligne vient d'ailleurs d'être lancée par des activistes saoudiennes. Avec  #PrisonnièresChezSoi les femmes racontent toutes les restrictions sociales qui transforment leur domicile en "prison". Loin des avancées de façade. Dans ce contexte, 30 conductrices c'est bien. Mais il en faudrait évidemment beaucoup plus. Ceci dit la France est loin d'être exemplaire : conducteur de train est une profession masculine à 95%.

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