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La Russie pourrait bientôt manquer de main-d'œuvre, de quoi faire affaiblir encore son économie

La chute du rouble en Russie pourrait avoir une conséquence inattendue et particulièrement handicapante pour l'économie du pays, déjà mal en point : un départ massif des travailleurs immigrés.
Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des ouvriers en train de réparer les dégâts d'une attaque de drône ukrainien sur un bâtiment à Moscou, en Russie, le 24 juillet 2023. (VLAD KARKOV / MAXPPP)

Depuis le début de cette année le rouble a perdu environ 30% de sa valeur par apport à l'euro et un peu moins face au dollar. C'est une des conséquences notamment de la baisse des revenus des exportations de pétrole et de gaz. Mais ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle pour la Russie, qui pourrait perdre une bonne partie de sa main d'oeuvre immigrée.

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Selon les estimations, entre trois et six millions de migrants alimentent le marché du travail russe. Beaucoup travaillent au noir, d'où la fourchette assez large. Ils viennent pour beaucoup d'Ukraine historiquement, et sont logiquement de moins en moins nombreux en Russie. Mais aussi, et surtout, de pays d'Asie Centrale, Kazakhstan, Ouzbekistan, Kirghistan entre autres. Or la chute du rouble rend leurs salaires en Russie de moins en moins compétitifs par rapport à leurs salaires locaux.

Il faut dire que les salaires ne sont pas très élevés en Russie non plus. Ils sont souvent aux alentours de 45 000 roubles par mois (450 euros au cours actuel). D'après un sondage effectué récemment dans la communauté ouzbèke, près de la moitié de cette diaspora envisage aujourd'hui de quitter la Russie. D'autant plus que l'Ouzbékistan est en train de conclure des accords sur la main-d'œuvre avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, et la Corée du Sud notamment, ce qui crée de la concurrence.

Des premières conséquences sur l'économie

Des départs qui se font déjà ressentir dans l'économie russe. Le plus gros producteur d'œufs de poule en Russie vient d'annoncer que ses livraisons ne seraient pas toutes honorées. Il lui manque 25 à 30% de personnel. La main-d’œuvre d'Asie centrale travaille surtout dans l'agriculture, le bâtiment. À Moscou, ils sont aussi souvent chauffeurs de taxi ou livreurs.

C'est un vrai problème pour l'économie russe, parce que cette main-d’œuvre fait tourner l'économie et que tout cela arrive dans un contexte de grande tension sur le marché du travail. Des centaines de milliers d'hommes manquent déjà à l'appel, parce qu'ils sont mobilisés sur le front ou parce qu'ils sont en fuite pour échapper à la mobilisation.

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