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"Je veux un enfant" : en Belgique, la "coparentalité programmée" au coeur d'une émission de téléréalité qui fait scandale

"Ik wil een kind" ("Je veux un enfant") est une émission de téléréalité qui propose à des participants qui ne se connaissent pas de concevoir un enfant ensemble.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'émission "Ik wil een kind" sur le compte Facebook de la chaîne WTM. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Faire un enfant avec de parfaits inconnus... C'est le principe d'une émission de télévision belge dont le premier épisode a été diffusé lundi dernier. Un programme qui fait scandale. Dans le rôle de la présentatrice, Dina Tersago (une Karine Lemarchand version flamande), qui lors de précédentes émissions a aidé des agriculteurs à trouver l’amour... et des propriétaires à rénover leur maison. Aujourd'hui elle veut faire se rencontrer des personnes qui ont un désir d'enfant mais ne peuvent pas en avoir (pour des raisons médicales ou sociales, ou parce qui n'ont pas de partenaire).

L'objectif c'est qu'ils passent à l'action, mais sans tout le tralala ! Le coup de foudre, le romantisme, l'amour, tout ça... ça encombre. Soyons pragmatiques, on se concentre sur le projet principal : élever ensemble un enfant. Cette nouvelle forme de famille non traditionnelle a un nom : "la coparentalité choisie" ou la "coparentalité programmée".

Ceux qui décident de partager la responsabilité parentale peuvent être deux, ou trois ou quatre. Par exemple, un couple gay et un couple lesbien, une célibataire et un couple homosexuel. 

Lundi 18 octobre, l'émission a d'ailleurs commencé avec le témoignage d'une pharmacienne de 40 ans qui a eu un garçon avec deux hommes mariés qu'elle ne connaissait pas. "Nous sortons souvent en famille et nous partons en vacances ensemble. Mais nous n'avons pas de relation", dit la quadragénaire. Toutefois "sur le papier, notre fils n'a que deux parents : une maman et un papa". "Cela signifie que nous avons dû définir une autre voie. On a l'impression que notre situation n'a pas été reconnue."

Ce premier épisode est destiné à attirer des candidats pour la suite du programme, baptisé tout simplement Ik wil een kind (Je veux un enfant).

"Briser un tabou"

VTM, la chaîne flamande qui diffuse l'émission, veut briser un tabou, "bousculer les mentalités", "provoquer le débat" sur un fait de société auquel nos législations sont incapables de répondre. Car en Belgique - comme ailleurs en Europe - il ne peut pas y avoir plus de deux parents pour un enfant. La loi ne prévoit aucune autre possibilité, pas de statut par exemple pour l’époux homosexuel d’un coparent.

"Nous n'allons pas offrir un bébé sur un plateau", dit Diane Tersugo. Car faire un enfant à trois ou quatre c'est affronter des obstacles administratifs et juridiques assez costauds. L’émission propose donc aux participants d'être suivis par une psychologue et un avocat. Pour le producteur Lander Kennis, il s’agit d'apporter de l'information : "Celui qui souhaite se lancer aujourd’hui doit tout apprendre par lui-même. Il n’existe pas de cadre pour ça", explique-t-il auprès de 7sur7 .

Pas la meilleure méthode

Même ceux qui sont très favorables à ce que l'on parle davantage de la coparentalité jugent que la téléréalité n'était peut-être pas la meilleure méthode.
"Pratique honteuse", dit même le sénateur Bert Anciaux, "motivée par la course à l’audience".

C'est vrai que lorsqu'il faudra annoncer dans quelques années à un petit Mathias ou à une petite Chloé qu'ils ont été conçus grâce à une émission de télé... ça ne sera pas facile. Caroline Vrijens, la commissaire aux droits de l’enfant, rappelle qu'un enfant n’est pas simplement "un objet auquel on a droit, mais bien un sujet qui a lui-même des droits". Le concept n'est pas prévu sur nos écrans en France. Pour l'instant.

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