Hunter Biden, le peintre qui dérange la Maison Blanche
Le nouveau métier du fils de Joe Biden inquiète. Aux États-Unis, certains craignent que la vente des peintures de Hunter n’attire pas que des passionnés d’art mais des personnes qui chercheraient à s’attirer les faveurs du président américain. Un membre du Congrès a déposé un texte pour contrôler les finances des enfants des présidents.
Il ne fait pas toujours bon avoir un artiste dans la famille. Hunter Biden, 51 ans, s’est lancé il y a quelques années dans la peinture. À la rentrée, une vente va être organisée à la galerie Georges Bergès de New York en octobre. Certains craignent que cela ne créé un conflit d’intérêts. Comment savoir si les acheteurs des tableaux de Hunter dépensent pour l’art ou pour le nom Biden ? Comment savoir s’ils n’espèrent pas les faveurs de la Maison Blanche en achetant un tableau au fils du président.
La Maisons Blanche promet un mécanisme de contrôle
Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden promet d’être irréprochable sur le plan éthique, en total rupture avec son prédécesseur, Donald Trump. Son administration ne peut donc pas fermer les yeux sur les nombreuses questions des journalistes sur ce sujet.
Il a donc été décidé qu’un "système permettant à Hunter Biden d’exercer sa profession avec des garde-fous" allait être mis en place. En résumé : aucune négociation ne passera par lui. "Tout sera fait par un galeriste professionnel", assure le service de presse de la Maison Blanche. Il ne "livrera aucune information sur les potentiels acheteurs à Hunter ou à Joe Biden", et "tous les échanges concernant la vente des œuvres et leur montant seront conduits par un galeriste professionnel, qui suit les règles les plus strictes. Toute offre anormale sera rejetée", a expliqué la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
.@PressSec Jen Psaki: "[Hunter Biden] will not know, we will not know who purchases his art." pic.twitter.com/sv1Ieoece2
— The Hill (@thehill) July 23, 2021
Cela suffira-t-il ? Les experts américains en éthique affirment que non. Plusieurs, interrogés par la presse américaine, émettent des inquiétudes sur un potentiel trafic d’influence. Et si les acheteurs étaient des industriels, des financiers, des fonds saoudiens ou chinois ? Pour Walter Shaub, ancien directeur du Bureau chargé d’inspecter l’éthique gouvernementale sous Barack Obama, "Hunter Biden devrait annuler la vente". D’autant que selon lui, les prix de ses peintures, entre 75 000 et 500 000 dollars sont basés sur le travail de son père… et non son art.
Hunter Biden should cancel this art sale because he knows the prices are based on his dad's job. Shame on POTUS if he doesn't ask Hunter to stop. If that fails, he should ask that the names of buyers be released & pledge to notify us if any buyer ever meets with admin officials. https://t.co/PEJEdtxha9
— Walter Shaub (@waltshaub) July 10, 2021
La sphère politique s’en est mêlée mercredi 28 juillet. Un membre de la chambre des représentants, Mike Waltz, fan absolu de Donald Trump qui n’a cessé de viser Hunter Biden pendant sa présidence a soumis un texte. Nommé "Painter Act ", il demande à ce que le président actuel et tous les président à venir révèlent publiquement les finances de leurs enfants. "Le président et le vice-président des États-Unis sont obligés de révéler les informations financières concernant leurs enfants qui ne dépendent plus d’eux, comme c’est le cas pour leurs épouses et leurs enfants encore à charge". Le texte devrait être voté et a peu de chance d’être adopté, puisque les Démocrates sont majoritaires.
Hunter, le fils embarrassant du président
Ce n’est pas la première fois qu’Hunter Biden fait parler de lui. Pendant quatre ans, il était l’une des cibles préférées de Donald Trump et de ses supporters. Le fils de Joe Biden est accusé de capitaliser sur son nom. Lorsqu’il était homme d’affaires et que son père était vice-président, il a eu des intérêts économiques en Ukraine ,notamment pour avoir accepté un mandat d’administrateur d’un groupe gazier ukrainien, et en Chine où il détient toujours 10% d’un fonds d’investissement soutenu par l’État chinois. Il est aujourd’hui visé par une enquête sur de possibles délits fiscaux. Au printemps, il fait parler de lui en sortant un livre : Les Belles Choses aux éditions Albin Michel sur ses addictions à l’alcool et au crack. La sortie du livre en France est prévue en septembre 2021.
Aujourd’hui, il explique que la peinture est son salut. "La peinture me permet de rester sain d’esprit", confiait-il au New York Times l’année dernière. "La seule chose qu’il me reste, c’est mon art. C’est la seule chose qu’on ne peut me retirer. […] Ça me tient à l’écart des personnes et des endroits où je ne devrais pas être", avait-il aussi confié. Un art qui n’est pas apprécié par tous. Un journaliste, lauréat du Pulitzer de la critique artistique estime que son travail n’a rien d’exceptionnel, qu’il s’agit plus d’œuvres "thérapeutiques" qu’artistiques.
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