"Guerre froide" avec Israël ? Le fabricant de glaces Ben & Jerry’s se retire de territoires palestiniens
C’est une histoire de glace qui fâche. Le géant américain Ben & Jerry’s a annoncé qu’il ne vendrait plus de glaces dans les territoires palestiniens.
Vendre nos pots de glaces dans "les territoires palestiniens occupés" est devenu incompatible avec "les valeurs de l’entreprise". Le communiqué de Ben & Jerry’s est limpide.
Ben & Jerry’s will end sales of our ice cream in the Occupied Palestinian Territory. Read our full statement: https://t.co/2mGWYGN4GA pic.twitter.com/kFeu7aXOf3
— Ben & Jerry's (@benandjerrys) July 19, 2021
La marque a décidé de ne pas renouveler l’accord de licence qui existait avec Israël depuis 1987. Le glacier reste cependant dans le pays, mais ses produits seront vendus exclusivement en Israël et plus dans les territoires contestés. Cette décision a évidemment suscité la colère des Israéliens. Le Premier ministre Naftali Bennett a assuré : il va y avoir de "graves conséquences". Il a tout de suite appelé le patron d’Unilever, qui détient la marque de glaces, et a promis "d’agir contre ces mesures de boycott qui vise des civils". L’ancien Premier ministre Benyamin Netanyahu a tweeté sa colère : "Nous savons quelle glace ne pas acheter". Plus fort encore, la ministre actuelle de l'Économie s'est filmée chez elle en train de prendre un pot de Ben & Jerry's dans son congélateur et le jeter à la poubelle. Des images diffusées sur TikTok.
@ornabarbivai מתוקים, התבלבלתם #benandjerrys
♬ צליל מקורי - Orna Barbivai - אורנה ברביבאי
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis en appelle à l’aide de plusieurs Etats. 35 ont actuellement des législations qui interdisent tout boycott contre Israël.
In coordination w/ @yairlapid, I sent a letter to 35 Governors of US states that have legislation against the Boycott, Divestment, and Sanctions movement targeting Israel. 1/2 pic.twitter.com/tGW720oRZL
— Ambassador Gilad Erdan גלעד ארדן (@giladerdan1) July 20, 2021
Ce boycott met le groupe auquel appartient le glacier, Unilever, dans une position difficile. Le géant possède 400 marques à travers le monde, dont plusieurs poids lourds de l'agroalimentaire. D'autres sociétés ne vont-elles pas être tentées de faire la même chose ? En Israël certains médias annoncent : "l'ère glaciaire a commencé".
"Woke washing"
Ben & Jerry’s n’est pas la première marque à se retirer d'Israël. Le mouvement de boycott des produits d’Israël, BDS, prend de l'ampleur aux États-Unis. Il s'agit d'un groupe de pression qui tente de diminuer les investissements étrangers en Israël. Mais si l’annonce de Ben & Jerry’s a surpris Israël, elle n’est pas pour autant étonnante. Cette entreprise, au militantisme assumé depuis sa création en 1978, est de tous les combats récents : protection de l’environnement, inégalités, mariage pour tous, soutien au Black lives matter, notamment pendant l’affaire George Floyd.
Aujourd’hui les marques comme le fabricant de glace américain subissent une nouvelle pression des consommateurs. Ils doivent montrer qu’ils défendent des valeurs, plutôt que de ne penser qu’au profit. Mais attention, se réveiller, quand le vent tourne, peut être perçu comme une instrumentalisation à des fins publicitaires. Et puis, n’oublions pas que Ben & Jerry’s tire ses revenus d’un produit qui, s’il est consommé avec abondance, est mauvais pour la santé.
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