Guerre en Ukraine : Paris et Berlin cherchent à apaiser leurs dissensions

Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, estime qu'il n'y a pas de division entre la France et l'Allemagne malgré les différends entre le président Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz sur l'Ukraine.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président de la République Emmanuel Macron (à droite) et le chancelier allemand Olaf Scholz, lors de la conférence de soutien à l'Ukraine, à l'Elysée, le 26 février 2024. (FRED DUGIT / MAXPPP)

"Il n’y a pas de clash franco-allemand", assure Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères, qui doit rencontrer son homologue, mardi 5 mars, à Paris avec pour mot d’ordre de ne surtout pas raviver les plaies entre Paris et Berlin. 

Les divisions sur la stratégie en Ukraine sont apparues au grand jour la semaine dernière, quand Emmanuel Macron a envisagé l’hypothèse d’envoyer des troupes au sol. Olaf Scholz, le chancelier allemand, s’est immédiatement démarqué de la position française. Opération rabibochage, donc, lancée dès ce week-end dans le journal Le Monde. "Nous avons le même objectif de soutien à l’Ukraine”, note Stéphane Séjourné. Le ministre des Affaires étrangères reconnaît tout de même des “degrés d’engagement différents” entre Paris et Berlin. Une allusion aux missiles de longue portée, que la France a livré à Kiev, tandis que l’Allemagne s’y refuse encore et toujours. 

La bourde d'Olaf Scholz

Berlin craint que cela entraîne une escalade militaire avec la Russie. Mais ce n’est pas la seule raison. Livrer des missiles aussi complexes, cela veut dire envoyer sur place des formateurs, des spécialistes, pour encadrer les militaires ukrainiens. Et cela, Olaf Scholz n’en veut pas. Pas d’Allemands sur le champ de bataille. En se justifiant, le chancelier allemand a laissé entendre que les Anglais et les Français, qui ont donc fourni des missiles aux Ukrainiens, ont aussi envoyé des militaires en Ukraine - les fameux formateurs. Or, ni Londres, ni Paris n’en avaient parlé officiellement. Cette boulette du chancelier Olaf Scholz a provoqué la colère outre-Manche : “Commentaires irresponsables et faux, une gifle pour les alliés", s'agace la présidente de la Commission des Affaires étrangères au Parlement britannique. Pas de réactions en revanche à Paris, là encore par volonté de serrer les rangs face à la Russie. D’autant que le gouvernement allemand est fragilisé par la diffusion d’une conversation secrète.

Il s'agit d'une discussion entre des haut-gradés allemands, qui évoquent justement la possibilité de livrer des missiles longue portée, avec l’objectif de détruire le pont de Kertch, reliant la Russie et la Crimée annexée. Voilà qui contraste avec la position officielle allemande de grande prudence. Une conversation manifestement captée par les services d’espionnage russes, et diffusée ce week-end par les médias proches du Kremlin. “Vladimir Poutine cherche à déstabiliser” l’Allemagne, a dénoncé dimanche soir le gouvernement allemand. 

La Russie tente d’alimenter les divisions, voilà aussi pourquoi Paris et Berlin veulent mettre leurs différends de côté. 

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