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Foire du livre de Francfort : les écrivains, les traducteurs, les éditeurs bousculés par l'intelligence artificielle... mais pas Salman Rushdie

La Foire internationale du livre de Francfort vient de s’achever, avec cette année plusieurs débats autour de la présence grandissante de l’intelligence artificielle.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le monde de l'édition s'interroge sur les conséquences du développement de l'intelligence artificielle. Photo d'illustration (JEAN-MARC QUINET / MAXPPP)

L’intelligence artificielle rendra-t-elle les écrivains superflus ? Quelle différence entre un texte rédigé par un homme et un autre généré par un robot ? L’homme deviendra-t-il un simple supplétif de l’IA, chargé de corriger ses erreurs ? Voici quelques-unes des questions sur lesquelles les acteurs du monde littéraire ont débattu lors de la Foire internationale du livre de Francfort.

Comme le résume le directeur du salon, ces professionnels éprouvent "un profond sentiment d’insécurité." Ils s’inquiètent de voir déferler de plus en plus de contenus générés par ordinateur. L’intelligence artificielle est déjà très présente dans la traduction, elle apparaît de plus en plus dans l’édition scientifique et juridique ; mais pour l’instant sa présence reste marginale dans la création littéraire.

L'IA, à la fois une chance et un risque

Pour un auteur, elle peut aider à rechercher, résumer, trier la matière, le contenu nécessaire à son travail. Pour une maison d’édition, l’IA peut aussi servir à traduire et donc accéder à plus de contenus, découvrir d’autres cultures. 

Mais l’IA est-elle capable d’écrire des romans dignes d’être lus ? Pour l’instant, ses performances en matière de fiction sont jugées insuffisantes, y compris par Salman Rushdie. L’auteur des Versets Sataniques le dit avec humour : "Quelqu'un m'a dit avoir demandé à ChatGPT d'écrire 300 mots dans le style de Salman Rushdie. Et ce qui est sorti est vraiment nul ! Quiconque a déjà lu 300 mots de moi se serait aperçu immédiatement que cela ne pouvait pas être de moi. Donc pour l'instant, cela ne m'inquiète pas." 

"ChatGPT n'a pas le sens de l'humour, n'a aucune originalité. C'est vraiment un très mauvais écrivain."

Salman Rushdie

lors de la Foire du livre de Francfort

En toile de fond, une question épineuse : à qui appartiennent les droits dès lors que l’IA entre en jeu. C’est l’une des principales zones d’ombre. Parmi les milliards de textes dont s’inspire l’IA, il y a des œuvres protégées par le droit d’auteur. Les sommes en jeu sont énormes. 

Sur la plateforme KDP d’Amazon, dédiée à l’autoédition, apparaissent déjà de nombreux livres générés par des robots, dont certains figurent même parmi les meilleures ventes. Amazon demande désormais aux auteurs de déclarer s’ils ont eu recours à l’IA. Dans une lettre ouverte l’été dernier, de nombreux écrivains dont Margaret Atwood, John Grisham ou Dan Brown, se sont émus du vide juridique qui entoure la question des droits.

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