Finlande : battue aux législatives, la Première ministre Sanna Marin ne fera pas de deuxième mandat
La fête est finie pour Sanna Marin. Et la défaite est d'autant plus amère que les trois finalistes terminent dans un mouchoir de poche.
Sur la troisième marche du podium, on retrouve son parti, les socio-démocrates, au pouvoir depuis quatre ans. Ils obtiennent 43 sièges au Parlement finlandais et se font doubler par le parti nationaliste des "Vrais Finlandais", une formation anti-immigration favorable à un "Fixit", une sortie de l’Union européenne. Elle obtient 46 sièges, le meilleur résultat de son histoire. En tête, il y a le centre-droit, avec 48 députés.
Traditionnellement, c'est le dirigeant du parti vainqueur qui hérite du poste de Premier ministre, à condition de réunir une majorité au Parlement. Or, l'intéressé, Petteri Orpo, a déjà fait savoir qu'il était prêt à négocier avec tout le monde, y compris avec les Vrais Finlandais, ce que Sanna Marin a toujours refusé. Dans un débat en janvier, elle les qualifiait d'ailleurs d'"ouvertement racistes" .
Politique d'austérité en vue
Cela signifie que les conservateurs vont gouverner avec l'extrême-droite, dirigée par Riikka Purra, végétarienne convaincue et ancienne électrice écologiste. Il leur faudra un troisième partenaire pour avoir la majorité, mais ils gouverneront ensemble, comme entre 2015 et 2019.
Beaucoup de sujets les opposent : politique migratoire, réchauffement climatique... Mais ils se retrouvent sur un point essentiel dont le centre droit a même fait sa priorité : l'austérité. Ensemble, ils veulent couper dans les budgets et accusent Sanna Marin d'avoir dépensé sans compter. Sous son mandat, la dette a beaucoup augmenté pour atteindre 74% du produit intérieur brut.
Elle a permis l'intégration de la Finlande à l'Otan
Sanna Marin n'a donc pas réussi à transformer l'essai. Pourtant, elle a apporté une vraie bouffée d’air frais à la politique finlandaise. Élue à 34 ans - ce qui a fait d'elle la cheffe de gouvernement la plus jeune au monde -, elle est apparue comme naturelle, directe, charismatique. Une image novatrice qui lui a apporté une vraie notoriété y compris à l'étranger. Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, elle s'est engagée avec détermination vers une intégration de son pays à l'Otan, ce qui représente un virage historique.
Mais être une femme, jeune et moderne et vivre comme tout le monde lui a aussi valu quelques déboires. Notamment lorsque des vidéos l'ont montrée en train de chanter et danser lors d'une soirée visiblement arrosée. Pour une partie de la Finlande restée très conservatrice, son côté fêtarde était incompatible avec la fonction. Cet électorat-là peut être rassuré. Son successeur, âgé de 53 ans, ex-ministre de l'Intérieur et des Finances, adepte du costume cravate et de la coupe de cheveux impeccable, est beaucoup moins... flamboyant.
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