États-Unis : torrent de critiques contre la candidate à la vice-présidence de Trump, Kristi Noem, l'élue qui a tué son chien
Le personnage principal de cette histoire s'appelle Cricket. C'était une femelle braque à poils durs d’environ 14 mois qui aurait dû devenir une pro de la chasse au faisan. Sauf que Cricket s'est révélée impossible à dresser. De caractère difficile, impatiente et dissipée, parfois agressive, elle courait après n'importe quoi. Elle avait même croqué les poules de la voisine. Excédée par son comportement, il y a quelques années, sa maîtresse prend son arme, l'emmène dans une carrière et lui met une balle dans la tête. Fin de partie pour Cricket.
Sauf que sa maîtresse n'est pas n'importe qui : Kristi Noem, 52 ans, gouverneur du très rural Dakota du Sud et étoile montante du parti républicain. Elle est dans la "short-list" pour former un ticket avec Donald Trump en tant que candidate à la vice-présidence.
Un chien et un bouc tués le même jour
Comme tout politique qui chercher à se faire connaître, elle a écrit ses mémoires : Pas de retour en arrière : la vérité sur ce qui ne va pas en politique et comment nous faisons progresser l’Amérique. L'ouvrage ne sort que dans dix jours, mais le Guardian en a publié les bonnes feuilles vendredi 26 avril. Notamment ce passage où Kristi Noem raconte la fin de vie de Cricket, un chien qu'elle disait "détester".
Et celle d'un bouc de son ranch, animal belliqueux, non castré et à l'odeur épouvantable qui avait l’habitude de charger ses enfants. Le même jour que Cricket, Kristi Noem le descend, lui aussi, avec son revolver. Deux balles cette fois parce qu'elle a raté la première. Il y a des témoins. "Ce n’était pas un travail agréable, mais il fallait le faire".
"Un tueur en série avec des facettes dentaires"
Mais pourquoi raconte-t-elle tout ça ? Pour montrer qu’elle est prête au "plus difficile". Qu'elle n'a pas froid aux yeux quand il s’agit de faire ce qui est bon pour le pays. Pour opposer l’Amérique des villes démocrate et l’Amérique des champs profondément républicaine. Soit dit en passant, ça va assez bien avec le personnage : Kristi Noem est une ultra-conservatrice en matière d’avortement, (elle a d'ailleurs fait de 2024 l'année de "la liberté pour la vie") et elle a refusé d'imposer le port du masque pendant le Covid.
Sauf que ses confidences virent à la déconfiture politique : l'histoire de Cricket et du bouc choquent l'Amérique, où 86 millions de foyers possèdent un animal de compagnie. Des dizaines d’élus démocrates, dont des gouverneurs, se sont mis à poster sur les réseaux sociaux une photo d'eux avec leur chien. "Dogs for Biden", disent maintenant les affiches de campagne du président sortant. L'ancien conseiller de Barack Obama devenu podcasteur, Tommy Vietor, a lui qualifié la gouverneure de "Jeffrey Dahmer avec des facettes" - en référence à un célèbre tueur en série et à un récent scandale concernant les soins dentaires esthétiques de Kristi Noem.
Même dans le camp républicain, des voix s'élèvent pour dénoncer la cruauté de Kristi Noem. Le Projet Lincoln, un PAC anti-Trump fondé par d'anciens membres du Parti républicain, a posté une vidéo de sa propre initiative, accompagnée d'un hashtag, #Justice4Cricket. "Vous ne pouvez pas tirer sur votre chien et ensuite devenir vice-présidente", soutient encore Laura Loomer, militante d'extrême-droite et soutien controversé de Donald Trump.
Nixon en 1952, Romney en 2012
Un sondage réalisé par une entreprise démocrate, New River Strategies, assure que 81% des Américains désaprouvent les agissements de la gouverneure du Dakota du Sud. Et la plupart des observateurs estiment que ses chances de remporter la course à la vice-présidence sont quasiment réduites à néant.
Ce qui lui arrive n'est pas une première : en 1952, alors candidat républicain à la vice-présidence, Richard Nixon a suscité des critiques en admettant avoir reçu un chien, Checkers, comme cadeau politique. En 2012, alors qu'il était candidat républicain à la présidence, Mitt Romney a, lui, été cloué au pilori pour avoir attaché un chien, Seamus, au toit de la voiture familiale lors d'un voyage à travers le pays.
L'intéressée répond en encourageant ses détracteurs à lire son livre, où il y a "autre chose" que ces histoires, dit-elle. "J'espère que tous ceux qui liront ce livre comprendront que je m'efforce toujours de prendre les meilleures décisions possibles pour les gens qui m'entourent. Que ce soit à la tête du ranch ou en politique, je n'ai jamais confié mes responsabilités à quelqu'un d'autre. Même si c'est difficile et douloureux. J'ai respecté la loi et j'ai été un parent, un propriétaire de chien et un voisin responsable".
Mais, en même temps, elle assume, expliquant sur X qu’elle a dû récemment abattre trois chevaux qui "était dans sa famille depuis 25 ans. Nous aimons les animaux, mais des décisions difficiles dans une ferme, ça arrive tout le temps". Donad Trump, très occupé la semaine dernière par son procès lié à l'ancienne star de films porno Stormy Daniels, n'a pas encore réagi. Les électeurs trancheront.
L’élue, elle-même, écrit dans son livre qu’elle savait prendre un risque politique en assumant publiquement ses actes :"Si j’étais une meilleure politicienne, je ne raconterais pas cette histoire". C'est un peu ce qu'on se dit.
À regarder
-
Kamala Harris reconnaît sa défaite
-
Election américaine : pourquoi un tel raz-de-marée républicain ?
-
Donald Trump encense Elon Musk après avoir déclaré sa victoire
-
Donald Trump revendique "une victoire politique jamais vue"
-
Comment les expatriés américains font pour voter ?
-
La mort de cet écureuil est récupérée par le camp de Donald Trump
-
Peut-on comparer démocrates et républicains à la gauche et la droite française ?
-
Donald Trump imite Emmanuel Macron
-
Présidentielle américaine : l'artiste Bad Bunny soutient Kamala Harris
-
Election américaine : qu'apporte Elon Musk à la campagne de Donald Trump ?
-
Election américaine : quand connaîtra-t-on le nom du prochain président élu ?
-
Maya Harris, plus proche conseillère de Kamala depuis plus de 50 ans
-
Quelle est la position des candidats à la présidentielle américaine sur le conflit au Proche-Orient
-
Aux Etats-Unis, "Superman" appelle les Américains à voter
-
Présidentielle américaine : des cookies Trump et Harris controversés
-
Election américaine : plus de 6 millions de dollars de paris sur le duel Harris-Trump
-
Les célébrités peuvent-elles influencer le scrutin américain ?
-
Pourquoi n'y a-t-il que deux grands partis aux Etats-Unis ?
-
Élection présidentielle aux États-Unis : le business des produits dérivés
-
Election américaine : "I have a Glock", quand Kamala Harris parle de son arme
-
Élection américaine : les démocrates contrôlent-ils la météo ?
-
Un bar à thème présidentiel aux États-Unis
-
La "Bible Trump" bientôt dans les écoles ?
-
Une interview de Melania Trump à 250 000 dollars ?
-
Une statue géante de Donald Trump aux États-Unis
-
Kamala Harris traite Donald Trump de poule mouillée
-
Des singes prédisent le résultat de l'élection américaine
-
Élection américaine : rencontre avec Raymond, électeur de Donald Trump
-
Visée par Donald Trump, la communauté haïtienne de Springfield est devenue la cible de l'extrême droite
-
Une possible tentative d'assassinat visant Donald Trump
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.