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Espagne : un youtubeur condamné à ne plus publier sur les réseaux sociaux après une "blague" faite à un sans-abri

Il y a des plaisanteries qui peuvent coûter très cher. En Espagne, un youtubeur vient d'être condamné à ne plus publier de vidéos parce qu'il s'était moqué d'une personne sans-abri.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 92 min
Un youtubeur espagnol privé de profil pendant cinq ans pour une mauvaise blague à un SDF (illustration). (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

Un youtubeur espagnol paye cher un défi bête et méchant. La Cour suprême vient de lui infigé une sanction inédite : 15 mois de prison avec sursis, 20 000 euros de dédommagement à la victime pour préjudice moral et surtout interdiction de publier sur son compte Youtube ou de créer un nouveau profil pour les cinq ans qui viennent.

Les faits remontent à 2017 à Barcelone. ReSet, de son vrai nom Kanghua Ren,
19 ans, 1 million d'abonnés, répond à un défi lancé par ses followers. On le voit ouvrir des gâteaux, enlever la garniture et la remplacer par du dentifrice. Dans la rue, il continue à se filmer, il offre le paquet trafiqué à un SDF sans rien dire évidemment. Très fier de sa blague, il explique qu'il lui a donné un coup de main puisque forcément, le sans-abri est pauvre et qu'"il ne doit pas beaucoup se laver les dents". La vidéo cartonne, avec les clics ReSet empoche plus de 2 000 euros. Mais le pays s'indigne. Le youtubeur est condamné une première fois pour atteinte à l'intégrité morale. Aujourd'hui la justice la sanctionne de manière définitive.

"Un acte vexatoire et humiliant"

Les juges de la cour suprême ont vu dans sa vidéo "un acte vexatoire, intentionnellement humiliant" qui en plus a causé une "souffrance physique" puisqu'après avoir mangé les gâteaux, le sans-abri, un Roumain de 52 ans, a souffert de maux d'estomac, de vomissements. Il a aussi eu très peur, et les juges rappellent que ce type de délit "décuple" la stigmatisation de tous ceux qui vivent dans la rue.

Pour prendre leur décision, ils se sont appuyés sur un jugement classique, "l'interdiction de revenir sur les lieux du délit". Sauf qu'ils l'ont appliqué au réseau social sur lequel ReSet avait publié sa vidéo. C'est la première fois que la Haute cour juge que les réseaux sociaux sont un lieu de criminalité.

Ils ont aussi pris en compte le fait que le youtubeur avait l'habitude de se montrer cruel avec des "victimes faciles". Il s'était déjà filmé dans un parc en train de donner des sandwichs à la crotte de chat à des personnes âgées et à des enfants.

Le youtubeur maintenant sur TikTok

Kanghua Ren n'a pas vraiment fait amende honorable. Il persiste à dire que ce n'était qu'une blague. Pendant son procès, il a même reproché aux juges et aux médias d'avoir mis fin à sa "carrière" de youtubeur alors qu'il avait abandonné le lycée pour s'y consacrer à 100%.

Dans un message publié sur son compte Instagram la semaine dernière il dit qu'il a changé et mûri, qu'il a payé sa dette avant d'inviter ses abonnés à regarder ses vidéos, cette fois, sur son compte TikTok.

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