Entre Washington et Kiev, le coup de fil de trop de Donald Trump
La planète tourne et ce matin nous posons le doigt quelque part entre Kiev et Washington.
Nous sommes en train de tenter d’écouter une conversation téléphonique. Un coup de fil anodin, à priori. Une discussion de chef d’État à chef d’État. On est fin août. D’un côté, Donald Trump, de l’autre le nouveau président Ukrainien Volodymyr Zelensky.
Que se disent-ils ?
À ce stade, il faut être honnête, on ne sait pas exactement, ni vous, ni moi. Ce qu’on sait, c’est que deux grands journaux américains ont appris qu’un lanceur d’alerte, membre des renseignements américains, a informé sa hiérarchie qu’il se passait quelque chose. Et cet homme, ou cette femme, a fait savoir que Donald Trump aurait bloqué 400 millions d’aide militaire prévue à l’Ukraine, avant ce coup de fil, officiellement pour des raisons techniques. Ensuite au téléphone, il aurait demandé à son homologue de l’aider à faire tomber son rival Joe Biden. L’ancien vice-président de Barack Obama est en ce moment le candidat démocrate le mieux placé pour affronter Trump à la présidentielle. Or, il y a une rumeur de corruption, non étayée, qui circule sur le fils de Biden, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien.
En quoi ce coup de fil est si dangereux pour Trump ?
On est toujours sur la ligne, on écoute. Enfin on imagine : Donald Trump vient de suspendre 400 millions d’aide militaire. L’Ukrainien en a besoin. Que répond-il ? On ne sait pas. Ce qu’on sait, c’est qu’il est à l’ONU mercredi et que la presse américaine va l’assaillir de questions. Ce que l’on sait aussi, c’est que le camp démocrate a passé lundi 24 septembre en réunion. Avant de lancer la première étape de la procédure de destitution. Si le président américain a utilisé la menace et qu’il a demandé à son homologue de l’aider, c’est un cas qui peut conduire au fameux impeachment, même s’il a peu de chance d’aboutir. Evidemment Trump nie en bloc. Mais les conversations présidentielles sont enregistrées, et les parlementaires pourraient exiger de l’écouter. Trump a déjà bénéficié d’une absence de preuves lors de l’enquête sur l’ingérence russe pendant la campagne précédente. Mais c’était passé pas loin. Ce coup de fil à Kiev pourrait bien lui coûter beaucoup plus cher : la procédure de destitution n’est pas précisément le meilleur moyen d’entamer une campagne électorale.
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