En Suède, un nouvel autodafé du Coran exaspère le monde musulman
La scène se passe devant la grande mosquée de Stockholm, au premier jour de l'Aïd, l'une des fêtes les plus importantes du calendrier musulman. L'homme en question est un Irakien de 37 ans, réfugié en Suède, qui dit tout simplement vouloir "exprimer son opinion sur le Coran" et réclame l'interdiction du livre saint de l'islam dans son pays d'accueil.
Armé d'un mégaphone, tout sourire, en lunettes de soleil, Salwan Momika commence par glisser des tranches de bacon entre les pages d'un coran, le piétine et le déchire avant d'y mettre le feu et de le brandir devant une petite foule de curieux et de journalistes. Le public est tenu à distance par la police, qui à contre-coeur a fini par autoriser l'autodafé à la demande de la justice administrative (après avoir refusé deux demandes d'événements similaires en février, dont l'une déjà émanait de Salwan Momika).
"Offensant et irresponsable"
Ce n'est pas la première fois qu'on assiste à ce genre d'événement : en janvier 2023, un militant d'extrême droite avait fait à peu près la même chose, ce qui avait entraîné d'importantes manifestations dans plusieurs pays musulmans et des appels au boycott de produits suédois.
Lassé de ces provocations à répétition, de ce nouvel acte qu'il juge "offensant et irresponsable", qui plus est commis "sous le regard complaisant du gouvernement" suédois, le Maroc publie un communiqué en pleine nuit pour annoncer qu'il rappelle son ambassadeur.
Le gouvernement irakien condamne lui aussi ces actes qui surviennent "de manière répétée" et sont menés par "des esprits malades et extrémistes". Ces "actes irresponsables" reflètent "un esprit de haine et d'hostilité n'ayant aucun lien avec la liberté d'expression. Cela fait partie des actes racistes et d'incitation à la violence et à la haine", assène le communiqué.
À Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères juge quant à lui "inacceptable de permettre de telles actions anti-islamiques au nom de la liberté d'expression".
À Stockholm, l'organisateur de la manifestation fait l'objet d'une plainte pour incitation à la haine. Mais le mal est fait.
L'adhésion de la Suède à l'Otan compliquée
Ces tensions risquent de compliquer l'entrée de la Suède dans l'Otan. Ça fait des mois que des pourparlers ont lieu avec la Turquie, qui bloque cette adhésion parce qu'elle juge Stockholm trop laxiste avec les militants kurdes du PKK installés sur son territoire - qu'elle considère comme des groupes terroristes. Les discussions sont déjà très compliquées.
Cela fait plus d'un an que la Suède a demandé son adhésion. Mais comme il faut l'unanimité, sans le feu vert d'Ankara la procédure ne peut pas s'enclencher. Des réunions sont prévues la semaine prochaine avec des représentants turcs, suédois et finlandais ; les membres de l'OTAN comptaient sur leur sommet les 11 et 12 juillet à Vilnius pour obtenir la levée du véto turc. C'est mal engagé. D'autant que cette fois même Washington s'est joint aux critiques et rangé du côté de la Turquie en rappelant par la voix du porte-parole adjoint du département d'État, Vedant Patel, que brûler des textes religieux est "irrespectueux et offensant".
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