En Russie, le ministère de la Défense désormais dirigé par des économistes

La vague de changement s'est prolongée cette semaine à la tête du ministère russe de la Défense, avec la nomination d'Oleg Saveliev au poste de ministre-adjoint. C'est un homme référencé au sommet du pouvoir russe : il a été ministre-adjoint du Développement économique il y a une dizaine d'années, et il était à la Cour des comptes ces derniers temps. C'est un gestionnaire, un profil techno qui va rejoindre Andreï Belooussov, qui a remplacé Sergueï Choigou à la tête du ministère, et qui est lui aussi un économiste.

Ce ne sont donc pas des militaires, mais bien des gestionnaires qui vont diriger cet énorme ministère. Il engloutit une partie de plus en importante du budget de l'Etat, mais difficile à évaluer parce que 30% du budget est secret. C'est pour ces raisons – financières – que Vladimir Poutine choisit ce genre de profil : quand vous menez une guerre longue, vous avez besoin des économistes. Vous avez besoin de gens pour coordonner la machine industrielle de la Défense qui fonctionne sur commande publique. Le président russe a dit la semaine dernière que le budget de la Défense et de la sécurité devrait représenter 8,7% du PIB russe en 2024, c'est énorme. 

Corruption endémique

Un ministre-adjoint de la Défense Timour Ivanov et le général Iouri Kouznetsov, le patron des ressources humaines de l'armée, ont été arrêtés et accusés de corruption récemment. Timour Ivanov, qui était en charge des constructions de la Défense, était un homme noitoirement corrompu. Il avait un salaire de fonctionnaire et un train de vie de milliardaire.

Jusque-là, le pouvoir laissait faire. Mais le Kremlin a clairement voulu envoyer un signal. Un autre général a été accusé de fraude cette semaine. La prise de pouvoir des économistes au ministère de la Défense n'est pas un phénomène nouveau en Russie : on avait déjà vu ça sous l'URSS, dont le budget militaire était énorme, au point probablement d'avoir contribué à l'effondrement du système. Vladimir Poutine en est bien conscient, lui qui a dit il y a quelques jours qu'il fallait "trouver l'équilibre entre les armes et le beurre".