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En Grèce, le gouvernement sous pression, empêtré dans une affaire d'espionnage de l'opposition

Le pays est secoué cet été par un scandale d’écoutes et d’espionnage mettant en cause le Premier ministre Mitsotakis.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le chef du gouvernement grec, Kyriakos Mitsotaki. (AFP)

Pour vous montrer l'ampleur du scandale, il suffit de voir le surnom que lui ont donné les médias : le Watergate grec, référence au scandale d’espionnage aux États-Unis qui a conduit à la démission de Nixon en 1974. Pendant plusieurs mois, les services de renseignements grecs ont mis sur écoute l’un des chefs de l’opposition de gauche, Nikos Androulakis, patron du troisième parti politique du pays. Le gouvernement a tenté de minimiser le scandale mais il a pris de l’ampleur cet été entrainant deux démissions : celle du directeur du renseignement et celle du secrétaire général du bureau du Premier ministre.

Le chef du gouvernement, Kyriakos Mitsotakis a pris la parole quelques jours plus tard, lors d’une allocution à la nation. Sa défense : je n'étais pas au courant. Pour lui, cette surveillance était  "légale", mais cependant  "inacceptable". Précisons qu’en Grèce, les services de renseignements sont placés sous l’égide du Premier ministre depuis 2019, soit depuis que Mitsotakis est au pouvoir.

Les services de renseignements auraient espionné le chef de l’opposition grâce à un logiciel au nom inquiétant : "Predator". Développé en Macédoine du Nord, ce logiciel permet de s’infiltrer dans les téléphones portables, d’espionner les messages et de lire les conversations. Il pourrait même activer la caméra ou le micro. 

Le gouvernement nie avoir acheté ce logiciel mais les experts grecs en cybersécurité doutent. Predator fait partie des logiciels d’espionnage les plus chers au monde.

Des journalistes victimes

Le chef de l’opposition n’est pas le seul à avoir été espionné. Au moins deux journalistes grecs d’investigation ont également été victimes de cette surveillance. Un spécialiste des questions migratoires et un autre qui s’intéresse aux affaires de corruption. Deux domaines dans lesquels le gouvernement pourrait avoir un intérêt à ne pas être critiqué. Ces journalistes ont été entendus par le parquet de la Cour suprême mardi. L'un deux a affirmé qu'il n'était pas la seule cible de "Predator", que d’autres journalistes et responsables de presse sont également surveillés.

L’état de liberté de la presse en Grèce est en effet inquiétant. Le pouvoir grec contrôle l’information. Dans le classement de Reporters sans Frontières, le pays a perdu cette année 38 places, et se retrouve dernier en Europe et 108e sur 180 dans le monde. Le gouvernement grec a contesté ce classement dans une lettre adressé à RSF mettant en cause la méthodologie.

Ce scandale n’a pas fini de secouer la Grèce. L’opposition a obtenu d’avancer la rentrée parlementaire d’une semaine. La semaine prochaine, un "débat extraordinaire" sur l’affaire aura lieu. Le Premier ministre grec Mitsotakis pourrait bien tomber.

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