En Grèce, crise humanitaire en vue à Lesbos
La planète tourne et ce matin nous posons le doigt sur l’Île de Lesbos, en Grèce.
À la fin de cet été beaucoup de français sont revenus de Grèce, les yeux remplis de beaux souvenirs. Ce qu’ils n’ont pas vu, c’est le nombre record d’embarcations qui ont rejoint l’île de Lesbos, là où se trouve le fameux "hot spot" européen, c’est-à-dire le centre d’attente pour demandeurs d’asiles. Au mois d’août et septembre, 25 bateaux sont arrivés chaque semaine soit 1 000 personnes par semaine. Sans compter les interceptions par les turcs qui se sont multipliées par trois ces deux derniers mois. C’est un chiffre alarmant pour les ONG qui travaillent sur place. J’ai parlé à l’une des responsables d’Oxfam, qui vit à Lesbos. Elle décrit une situation désespérante, notamment en termes sanitaires. L’afflux de réfugiés ces dernières semaines conduit à une crise sanitaire et médicale sur place. Le camp de Lesbos, fruit d’un accord entre la Grèce, la Turquie et l’Union européenne, est prévu pour accueillir 3 000 migrants, en compte ces jours-ci plus de 11 000. Et parmi eux, un tiers sont des mineurs. Dans le camp, il n’y a qu’un seul médecin. Pour tous.
Est ce qu’il y a une raison à cet afflux soudain de migrants ?
Il y a plusieurs raisons, à la fois géopolitiques et conjoncturelles. La bataille à Idlib en Syrie a augmenté le nombre de réfugiés en Turquie, qui compte désormais quatre millions de migrants. Le président Erdogan donc haussé le ton et menacé d’ouvrir les portes si l’Union Européenne ne renégocie pas l’accord. Mais à l’intérieur du camp de Lesbos, ce sont en fait en ce moment, à 90%, des afghans. La guerre en Afghanistan les pousse à partir, ou à ne pas rester en Iran où ils avaient migré. Les jeunes sont désespérés. Il y a eu d’après cette humanitaire plusieurs cas d’automutilation et de tentatives de suicides. En fait, la Grèce est coincée. Elle craint une crise humanitaire majeure. 1 500 réfugiés ont étés transférés en urgence dans un camp sur le continent grec, mais ils doivent dormir par terre, sans même une tente. En tout, il y a près de 27 000 migrants coincés dans les îles grecques. Les Turcs et les Grecs, chacun à leur manière alertent. Un appel relayé par les ONG qui travaillent sur place. L’argent ne suffit pas : c’est une crise d’ampleur qui est en train de menacer si une politique européenne commune n’est pas réfléchie et appliquée. Rapidement.
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