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En Grande-Bretagne, John Le Carré règle ses comptes

La planète tourne et mardi nous posons le doigt à Londres, avec une guerre d'anciens espions. 

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
John Le Carre, écrivain.  (DANIEL BOCKWOLDT / DPA)

Vous connaissez forcément John Le Carré. L’écrivain de romans d’espionnage le plus connu du monde. Cet homme a dépeint au cours de sa longue œuvre littéraire les espoirs, les travers, les drames de l’espionnage, depuis la Guerre froide jusqu’aux crises contemporaines. John le Carré a 88 ans, et continue d’écrire. Et il se retrouve au cœur d’une polémique toute britannique. Un ancien patron des Services de renseignement, Sir Richard Dearlove, vient d’accuser Le Carré de traîtrise, de donner une vision nihiliste du monde de l’espionnage, et d’être obsédé par son un passage raté dans les services, quand il était jeune. Sir Richard Dearlove n’est pas n’importe qui non plus. Il est entré dans le fameux MI6 en 1966 et a dirigé les services de 1999 à 2004.  

Une joute entre deux stars à Londres

L’un est connu, Le Carré, l’autre forcément a vécu longtemps dans l’ombre. Le Carré a commencé sa carrière comme espion, lui aussi, mais à la fin des années 50. En pleine Guerre froide. Il s’appelait à l’époque David Cornwell, et il publie sous le pseudonyme de Le Carré L’espion que venait du froid à 31 ans. Succès planétaire immédiat. Il quitte le renseignement pour la littérature. Dearlove lui reproche de n’avoir donné qu’une vision noire et fausse de son univers. Ce à quoi Le Carré rétorque qu’il a vécu, lui de plein fouet, à Berlin, la crise des agents doubles anglo-soviétiques, qui ont livré à Moscou la liste de centaines d’agents anglais dans le monde, dont beaucoup sont morts tués par les Russes. Alors "Oui, dit Le Carré, je m’y connais en trahison. J’étais sur la liste des traîtres, dont certains vivent encore à Moscou." 

Derrière cette querelle, un règlement de comptes  

2003 : les services britanniques soutiennent, pour aider les Américains, que Saddam Hussein possède des armes de destruction massive. Le Carré écrit une tribune au vitriol dans le Times pour dire que l’espionnage anglais ment, et que Tony Blair s’est laissé tromper par un certain Richard Dearlove, à l’époque directeur du MI6. Et il prédit que la guerre sera une catastrophe. Dearlove attendait peut-être une occasion de faire tomber Le Carré. C’est raté. L’écrivain n’aurait pas eu de meilleure publicité pour son prochain roman qui sort dans 15 jours et qui a pour toile de fond le Brexit.

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