Cet article date de plus de trois ans.

En Espagne, la campagne haineuse des régionales à Madrid

Menaces de mort, balles envoyées par courrier à des candidats et des personnalités politiques... En Espagne, la campagne électorale régionale de la Communauté de Madrid tourne au chaos.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Pablo Iglesais, chef de file de Podemos, le parti d’extrême-gauche, candidat à l'élection régionale à Madrid (Espagne), le 18 avril 2021. (PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP)

Le scrutin aura lieu mardi 4 mai. Il s'agit de renouveler le gouvernement de la communauté de Madrid : élection locale mais à portée nationale qui s'est transformée en véritable baril de poudre.

La semaine dernière, Pablo Iglesias, chef de file de Podemos, le parti d’extrême-gauche, reçoit une lettre contenant des menaces de mort et quatre balles : deux pour lui et sa compagne, deux autres pour ses parents. D'autres dans la foulée y ont droit : la patronne de la gendarmerie (une femme donc), le ministre de l'Intérieur (ouvertement gay et militant de la cause LGBT), et même mercredi 28 avril l'ancien premier ministre socialiste José Luis Zapatero. Le texte le traite de "vermine". Les projectiles sont toujours les mêmes, ceux d'un fusil d'assaut utilisé par l'armée jusque dans les années 80.

Le pays ne parle plus que de ça : "Ces balles visent le vivre ensemble, elle visent la démocratie", dénonce l'actuel Premier ministre, Pedro Sanchez. Nous devons arrêter cette spirale de la haine qui s'en prend à nos valeurs."

Une campagne de crispations

Au tout début de la campagne, les débats étaient surtout focalisés sur la pandémie (Madrid est toujours sous état d'urgence). Mais depuis les lettres, les discussions se sont polarisées et l'Espagne retrouve la violence de son bipartisme idéologique.
Les candidats font dans la surenchère, c'est "la liberté" contre "le communisme" pour les uns, "la démocratie" contre "le fascisme" pour les autres.

Un climat délétère qui couve depuis plusieurs mois. Fin novembre, 73 officiers à la retraite ont écrit au Roi pour dénoncer la politique du gouvernement, un gouvernement "socialo-communiste" qui ne fait que "dégrader l’Espagne". Exactement la même démarche que celle des militaires français dans Valeurs actuelles. Les mêmes mots, mais qui résonnent encore plus fort dans une société espagnole qui n'a pas soldé tous ses comptes avec la dictature franquiste.

À la faveur de cette campagne très atypique, c'est finalement l'extrême-droite qui tire son épingle du jeu. La candidate du parti Vox, Rocio Monasterio, a refusé de condamner les menaces de mort, elle a même mis en doute l'existence des fameuses lettres.

Son parti peut tout se permettre, il est en position de faiseur de roi : son soutien devrait être indispensable à l'actuelle présidente de la région, Isabel Diaz Ayuzo, étoile montante de la droite espagnole qui devrait être réélue mais n'aura pas la majorité absolue. Une alliance qu'elle envisage d'ailleurs pour ne pas "laisser les rouges prendre le pouvoir". À droite, selon un sondage récent, huit électeurs sur 10 approuvent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.