En Chine, on ne plaisante pas avec la lutte contre la corruption
En quelques mois seulement, la campagne implacable contre la corruption en Chine a fait tomber des milliers de fonctionnaires, des ministres, des banquiers, des directeurs d'hôpitaux, des hauts gradés de l'armée et même des administrateurs de clubs de foot. Même si le mot corruption est rarement prononcé, le pouvoir préférant parler de "graves violations de la loi et de la discipline", l'an dernier 114 000 personnes ont fait l'objet d'une enquête. À l'arrivée, des procédures disciplinaires, mais aussi très souvent d'ailleurs, la case prison.
Et les personnes haut placées n’échappent pas à la purge. 45 officiels, gravitant pourtant dans les très hautes sphères du parti communiste, ont été jetés en cellule l'an dernier pour des histoires de pots de vin ou d'argent mis au chaud à l'étranger. Il n'y en a jamais eu autant. Certains ont même été condamnés à perpétuité. Et être retiré des affaires ne vous protège pas davantage. Cette année certains retraités plutôt âgés se sont vu reprocher des faits remontant à 10 ou 20 ans.
Il y les sanctions mais aussi des mesures pour lutter contre la corruption comme un peu moins de formalités administratives et de bureaucratie qui placent les fonctionnaires en position d'abus de pouvoir. En dix ans, la Chine est d'ailleurs remonté de 15 places dans le palmarès de Transparency International sur la perception de la corruption. Ceci n'empêche pas pour autant la pratique de la petite enveloppe sous la table ou du cadeau un peu trop généreux. Et le problème c'est que Xi Jinping n'initie aucun changement structurel pour attaquer le mal à la racine. Pour ça il faudrait accepter la transparence.
Dès 2015, Xi Jinping a déclaré la guerre aux "tigres" et aux "mouches" :
La chasse aux sorcières ne va pas cependant pas s'arrêter. "Seul un nettoyage continu peut garantir que le parti reste puissant", assure Xi Jinping qui vient de relancer son programme pour 10 ans. Ou comment consolider son pouvoir par une purge perpétuelle qui permet d'écarter ses rivaux. L'arme de la peur n'épargne personne. En février le dirigeant chinois a même désigné comme cible les inspecteurs chargés des contrôles anti-corruption. Il faut, disait-il "tourner la lame vers l'intérieur et couper la chair en décomposition". L'effet pervers c'est que les bureaucrates ou les dirigeants locaux sont paralysés. Ils n'osent plus prendre la moindre décision alors même que l'économie chinoise en difficulté a besoin de leadership et de prise d'initiative.
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