En Andorre, les YouTubeurs provoquent une crise du logement
Après les avoir accueillis à bras ouverts, l'Andorre, ce micro-État de 85 000 habitants, coincé dans les Pyrénées, entre la Catalogne et l'Ariège, cherche désormais à se débarrasser de ses influenceurs. La principauté a pris des mesures pour taxer les spéculateurs ou évincer les faux habitants, afin de contenir une flambée des prix de l'immobilier devenue trop problématique pour les locaux.
Une faible fiscalité dans un cadre de rêve
Lassés des plages de Dubaï, séduits par les stations de ski d'Andorre, son cadre de vie, sa connexion très haut débit, mais surtout sa fiscalité avantageuse, les petites fortunes ayant fleuri sur les réseaux sociaux sont venus en masse dans le petit État. L'impôt sur le revenu et les bénéfices des sociétés ne dépasse pas 10% , la TVA est 4,5%, et le secret bancaire a été érigé en vertu cardinale.
La principauté avait l'habitude de voir les célébrités et les sportifs investir dans ses chalets. L'arrivée des influenceurs était une nouvelle opportunité pour diversifier son économie, très dépendante du tourisme, mais ils ont surtout donné un énorme coup d'accélérateur à la spéculation.
Beaucoup de constructions mais à des prix inaccessibles
Andorre n'a jamais autant construit ni autant vendu, mais paradoxalement, pour les locaux, se loger est devenu un cauchemar. Selon le journal El Diario, les prix à l'achat ont augmenté de 18% en un an et de 30% sur trois ans. Les salaires ne suivent évidemment pas.
En 2019, pour protéger les locataires, le gouvernement a gelé les loyers dans l'ancien, mais l'effet pervers a provoqué une réduction du marché comme peau de chagrin et certains habitants envisagent de partir. Andorre subit en fait les mêmes mutations que d'autres villes touristiques en Europe.
Les autorités veulent freiner cette évolution. Désormais, les non-résidents n'ont plus le droit d'investir dans la pierre. La mesure est radicale mais provisoire, le temps de faire voter une nouvelle taxe sur les achats immobiliers, qui permettra de financer la construction de logements abordables. Il n'est cependant pas sûr que cette taxe suffise à dissuader les investisseurs.
Un examen en catalan
L'autre mesure, peut-être plus contraignante, qui va peut-être réussir à pousser certains à faire leurs valises, est l'obligation d'apprendre le catalan.
Sous couvert de les inciter à "adopter la culture locale” et la langue officielle d'Andorre, le catalan, trente heures de cours gratuits seront imposées aux nouveaux arrivants. Puis le Conseil général prévoit d'exiger que tous les candidats au séjour passent un examen. Cela a beaucoup plus fait réagir les YouTubeurs que la nouvelle taxe. Le bilan est attendu dans quelques mois.
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