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Covid-19 : confinés, les habitants de Shanghai craquent mais la stratégie "zéro covid" reste appliquée par les autorités

En Chine, la mégalopole de Shanghai reste confinée depuis plus de 10 jours en raison d'une recrudescence des cas de Covid-19 et la ville est sous extrême tension.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un homme confiné dans son appartement à Shanghai (Chine, le 12 avril 2022. (HECTOR RETAMAL / AFP)

Shanghai vit des jours difficiles et la censure est complètement débordée par les réseaux sociaux, où les témoignages se multiplient. Vous avez sans doute déjà entendu ces milliers d'habitants qui crient la nuit à leur fenêtre, de rage, de frustration, de faim, aussi, car les frigos sont vides, faute de ravitaillement.

Quand un cas est détecté dans un immeuble d'habitation, les portes sont ainsi parfois cadenassées de l'extérieur. Il est physiquement impossible de sortir ; ceux qui s'y risquent sont rattrapés manu militari. Des hauts-parleurs sur des drones ou des chiens robot, passent et repassent, demandant aux habitants de respecter les consignes.

Les tests de dépistage obligatoires ont parfois lieu en pleine nuit et les personnes positives emmenées de gré ou de force dans d'immenses centres de quarantaine. Mercredi 13 avril, dans une vidéo (non authentifiée), un habitant a filmé cette scène dans l'immeuble d'en face. Des hommes en combinaison blanche font irruption dans un appartement ; l'homme qu'ils viennent chercher résiste et se réfugie sur son balcon. Pour l'immobiliser, les policiers s'y mettent alors à quatre avec un pistolet paralysant.


Des scènes comme celles-ci, il y en a beaucoup d'autres qui circulent sur les réseaux sociaux. Sans que l'on sache si elles sont authentiques. Reste que ce mouvement de contestation est inédit, les comités de quartier chargés de répondre aux réclamations sont submergés de demandes et sous pression. Ce confinement quasi-total dans une ville de 25 millions d'habitants a aussi des conséquences économiques. D'autant que Shanghai pèse pour 4% du produit intérieur brut chinois et est un point névralgique pour l'entrée et la sortie des marchandises. Or; les transports routiers, ferroviaires et maritimes tournent au ralenti. Plusieurs usines ont suspendu leur production, notamment un gros sous-traitant d'apple, Pegatron, qui assemble à lui seul plus de 20% des iPhones vendus dans le monde. Au niveau national, les exportations s'essoufflent et les importations, elles aussi, sont en repli, pour la première fois depuis août 2020.

>> Covid : les autorités chinoises ont "peur que tout ça dérape vers les petites villes" alors que Shanghai est touchée par une flambée épidémique, estime un spécialiste

Malgré ce contexte, Pékin ne remet toujours pas en cause sa stratégie "zéro covid". Face aux critiques, les autorités ont quand même accepté de ne plus séparer les enfants positifs de leurs parents. C'est valable uniquement pour les moins de 7 ans. La quarantaine a été réduite, passant de 14 à 10 jours pour les habitants des immeubles où un cas a été signalé. Mai uniquement dans huit grandes villes, dont Shanghai et Canton. Ce n'est d'ailleurs qu'un projet pilote, dont le bilan sera fait dans quatre semaines seulement. C'est un signe, bien sûr, que le pouvoir bouge, mais cela reste très timide. Mercredi 13 avril encore le président Xi Jinping expliquait que cette stratégie "zéro covid" restait l'alpha et l'omega de la politique sanitaire. Un dogme qui doit au moins tenir jusqu'au 20e Congrès du parti, qui a lieu dans six mois. Ce n'est pas le moment de reconnaître la moindre erreur dans la conduite du pays, quel qu'en soit le prix.

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