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Chine, Allemagne, Australie... Trop polluants, les feux d'artifice du Nouvel An perdent de leurs couleurs

La planète tourne. On se pose ce mardi en Allemagne, en Chine et en Australie, où les feux d'artifice du Nouvel An n'ont plus la cote : ils ne sont pas assez climato-compatibles.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le feu d'artifice de Sydney (Australie), le 1er janvier 2019.
 (PETER PARKS / AFP)

Le feu d'artifice, ça pollue ! Pour produire une belle bleue, du rouge ou du vert, pour que ça scintille, que ça crépite, que ça tourbillonne, que ça fuse et que ça fasse du bruit, il faut (entre autres) : du charbon, du soufre, du salpêtre, du perchlorate de potassium, du cuivre, du lithium... Autant de composants que les fusées libèrent dans l'atmosphère en quantités industrielles.

En Allemagne, pays saisi – par tradition – d'une véritable frénésie pyrotechnique au moment du Nouvel An, les pétards dégagent environ 5 000 tonnes de particules fines en une seule nuit. L'équivalent de deux mois de trafic routier sur l'ensemble du pays !

Or ces particules sont nocives pour les poumons, elles polluent les sols et les eaux. Sans compter les accidents : doigts ou mains arrachés, brûlures, séquelles auditives... chaque année plusieurs centaines de personnes finissent aux urgences, quand il n'y a pas des morts.

Pas de feux d'artifice en supermarchés

Mais cette fois, trop c'est trop. En Allemagne, 2019 ne sera pas l'année du feu de bengale triomphant et de ses fumées suffocantes : à travers tout le pays des supermarchés et des magasins de bricolage ont pris l'initiative de retirer de leurs rayons ces pétards – produits pourtant très lucratifs. Et plusieurs villes ont mis en place des interdictions et des zones garanties "sans feu d'artifice".

Traduction : "Chers clients, par amour de l’environnement et des animaux, nous avons décidé cette année de ne pas vendre de feux d’artifice."

Pourtant une conscience écologique aiguë ne fait pas tout ! D'après un sondage YouGov publié vendredi, 57% des Allemands se disent favorables à une interdiction totale. Mais ils sont encore plus nombreux (84%) à attendre avec impatience de s'extasier ce soir devant les feux d'artifices.

Plus de pétards à Pékin

En Chine, on change d'échelle et la question de la pollution est encore plus aiguë : elle s'ajoute à celle du chauffage au charbon. L'hiver, Pékin est régulièrement plongé dans un brouillard épais, irrespirable. En 2017, au moment du Nouvel An, la ville avait enregistré un taux de particules fines 26 fois supérieur au seuil recommandé par l'Organisation mondiale de la santé. Cette année les feux sont interdits dans toute la capitale (jusqu'au cinquième périphérique) et dans 500 autres communes à travers le pays.

Ailleurs, des amendes sont prévues pour ceux qui feraient usage de leurs pétards trop près des administrations, des écoles ou des habitations. À Hong-Kong la situation est différente : après sept mois de contestations contre le pouvoir et des manifestations prévues encore aujourd'hui, c'est pour des raisons de trouble à l'ordre public que le feu d'artifice a été annulé, remplacé par une tombola géante.

À Sydney, le feu au milieu des feux

Sydney ouvre le bal, comme d'habitude : il est 14 heures mardi 31 décembre en France quand les Australiens basculent en 2020, avec un spectacle pyrotechnique sublime et démesuré tiré quelques heures plus tôt depuis la baie.

Près de 300 000 personnes ont signé une pétition  pour que ce spectacle à quatre millions d'euros soit annulé et que l'argent soit reversé aux pompiers ou aux agriculteurs victimes des incendies qui ravagent le pays. Au moins trois millions d'hectares de végétation ont été avalés par les flammes depuis le mois de septembre.

Le Premier ministre climato-sceptique Scott Morrison n'a rien voulu savoir. "Tout est lancé depuis 15 mois déjà", a dit un porte-parole de la ville. "On comprend" mais... on ne va pas gâcher le plaisir des dizaines de milliers de touristes, Australiens et étrangers, qui sont venus voir le spectacle. La capitale, Canberra, a elle annulé toutes ses festivités.

Une première à Riyad

À rebours de ce qui se fait ailleurs dans le monde, dans la catégorie des nouveaux venus : l'Arabie Saoudite. Pour la première fois le royaume wahhabite va en effet proposer à Riyad des festivités du Nouvel An.

Cette initiative du prince Mohammed Ben Salmane cherche à moderniser l'image de son pays. Le programme promet un compte à rebours avant le début de 2020, un feux d'artifice, de la musique et "beaucoup de surprises".

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