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Brésil : mauvais perdant, Bolsonaro conteste le résultat de la présidentielle

En poste jusqu'au 31 décembre, Jair Bolsonaro, chef de l'État sortant, demande par l'intermédiaire de son parti l'annulation d'une partie des voix attribuées à son adversaire de gauche, Lula, le gagnant de la présidentielle au Brésil.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jair Bolsonaro, candidat battu à l'élection présidentielle du Brésil du 30 octobre 2022. (EVARISTO SA / AFP)

Depuis sa défaite d'une courte tête à l'élection du 30 octobre, Jair Bolsonaro avait quasiment disparu. On ne l'avait vu qu'une fois en public pour un discours très ambigu, dans lequel il avait refusé de reconnaître explicitement son échec, évoquant même le "sentiment d'injustice" de ses partisans.

Voilà donc la riposte qu'il préparait depuis sa résidence officielle à Brasilia. Ce n'est pas lui directement mais son parti, le Parti Libéral, qui demande au Tribunal supérieur électoral d'annuler les votes provenant de plus de 280 000 machines électroniques. Son argument ? Il y a eu des "dysfonctionnements" majeurs qui ont faussé les résultats. Et bien sûr empêché sa réélection face à Lula. Selon le décompte de son parti – qui se fonde sur un audit mais n'apporte aucune preuve – le président sortant obtiendrait non pas 49,1 % des suffrages mais 51%.

Ce qui n'est pas très original au fond comme scénario. Si ça vous rappelle un autre président mauvais perdant remonté comme un coucou contre le vote électronique, c'est normal. Ce n'est pas pour rien qu'on appelle Jair Bolsonaro "le Trump tropical". Les deux dirigeants évincés du pouvoir partagent la même pratique de la désinformation et du déni démocratique.

Vote électronique depuis 1996

D'ailleurs tout au long de sa campagne, déjà, Jair Bolsonaro avait accusé les machines à voter de ne pas garantir la fiabilité du scrutin. Le vote électronique est pourtant utilisé au Brésil depuis 1996, et considéré comme particulièrement fiable.

Ce recours n'a aucune chance d'aboutir. Même ses proches l'avouent en coulisses. Pourquoi ? Parce que la victoire de Lula a déjà été ratifiée par ce tribunal supérieur électoral, parce qu'elle a été reconnue par les principaux responsables politiques du Brésil et par la communauté internationale.

Un recours destiné à nourrir la mobilisation

Ce recours est d'autant plus absurde que ce sont les mêmes urnes contestées aujourd'hui qui ont été utilisées pour l'élection de  en 2018. À l'époque curieusement elles n'avaient pas posé problème.
Mais en plus, invalider une partie des voix du 1er tour aurait aussi un impact sur les législatives qui étaient organisées le même jour que la présidentielle et qui elles ont été remportées par le Parti libéral du président sortant. C'est ce que note le quotidien O Globo ce matin : “le parti court donc le risque de se nuire à lui-même”.

Il s'agit surtout d'une manœuvre qui sert à donner un vernis politique au mouvement de colère des militants radicaux qui continuent de crier à la fraude et de manifester.

Jair Bolsonaro ne veut pas donner l'impression d'avoir renoncé, il a besoin de leur mobilisation pour se positionner comme le principal leader de l'opposition quand Lula prendra ses fonctions en janvier prochain.

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