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Au Mexique, bientôt douze jours de congés payés, au lieu de six

Le Mexique est l'un des moins généreux pays au monde en matière de jours de congés. Jusqu'à maintenant.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un garagiste mexicain à Salamanca (Mexique), en novembre 2022. (CLAUDIO CRUZ / AFP)

Aujourd'hui, un salarié mexicain n'a droit qu'à six jours de congés payés par an. C'est la pire statistique de toute l'Amérique latine – et aussi l'une des pires au monde. Précision : on parle d'un salarié qui a seulement un an d'ancienneté. Plus un employé passe de temps dans l'entreprise, plus son nombre de jours de congés augmente. Dix ans d'ancienneté ne "rapportent" que 16 jours, un chiffre très en-deçà de la moyenne. Avec la réforme du code du travail adoptée par les députés – mais qui doit encore faire la navette avec le Sénat –, le point de départ ne sera plus six jours mais douze jours. Puis, chaque année, deux jours de plus jusqu'à un maximum de 20 jours par an.

La loi n'avait pas bougé depuis 50 ans. C'est une sénatrice qui a proposé cette réforme en février au nom de son parti "Mouvement citoyen", un tout petit parti d'opposition. La majorité a suivi. Même le président Andrés Manuel López Obrador a reconnu publiquement que ses concitoyens n'avaient pas assez de vacances et qu'ils étaient "en-dessous de la moyenne mondiale". La réforme a été baptisée "vacances dignes".

Le patronat a tenté de faire passer tout un tas d'amendements pour réduire la portée du texte, expliquant que ce ne serait pas gérable si on laissait les salariés prendre leurs douze jours d'affilée. Le Medef mexicain a prévenu : cette réforme va augmenter le coût de la main d'oeuvre d'au moins 4%. Les députés ont entendu ces inquiétudes et ont procédé à quelques aménagements. Ce seront les employeurs qui auront le dernier mot sur la prise de congés. En revanche, les patrons voulaient échelonner la réforme avec neuf jours en 2023, dix en 2024... Ils n'ont pas eu gain de cause. La réforme s'appliquera de façon plein et entière au 1er janvier 2023.

Un manque de productivité

C'est un premier pas mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer sur le marché du travail mexicain. D'abord, cette réforme ne concerne pas les travailleurs informels non déclarés qui représentent entre 25 et 30% de la population active. Ensuite, même si les grandes entreprises ont négocié la semaine de 40 heures, la règle générale au Mexique reste 48 heures de travail hebdomadaire.

Les salariés mexicains travaillent beaucoup plus que la moyenne des pays de l'OCDE. Le problème est qu'ils ne sont pas très efficaces, la productivité étant au dessous de la moyenne. Mais, qui sait, prendre un peu de repos va peut-être faire remonter les statistiques. Un site mexicain spécialisé en ressources humaines reprend une étude de la U.S. Travel Association, selon laquelle partir en vacances augmente le niveau de bien-être de 31 % et la productivité de 21 %.

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