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Arménie et Azerbaïdjan se rejettent la responsabilité des combats près de la région du Haut-Karabakh

Après plusieurs semaines d'escalade des tensions à la frontière, des combats ont éclaté mardi entre les militaires de ces deux pays rivaux du Caucase, qui se disputent le contrôle de la région montagneuse du Nagorny-Karabakh.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Shusha, localité du Haut-Karabakh, en septembre 2021. (VALERY SHARIFULIN / TASS VIA GETTY IMAGES)

Mardi 16 novembre, le fracas des armes a longtemps résonné à proximité des montagnes du Haut-Karabakh, territoire pas plus grand qu'un département français, que se disputent toujours l'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques. Il y a eu des morts parmi les soldats des deux camps (sept Azerbaïdjanais et 1 Arménien selon les sources officielles), des blessés, des prisonniers, des destructions de matériel militaire, des positions reprises. Et dans un refrain désormais bien connu, chaque pays rejette sur son voisin la responsabilité des affrontements.

En Azerbaïdjan, le ministère de la défense accuse l'Arménie d'avoir joué la provocation et pris l'initiative de l'attaque. "Faux", répond le Premier ministre arménien. Nikol Pachinian dénonce une agression de la part de l'Azerbaïdjan sur le territoire arménien et le silence coupable de la communauté internationale.

Pour mémoire le Haut-Karabakh (peuplé en majorité d'Arméniens chrétiens), était rattaché à l'Azerbaïdjan chiite avant la guerre d'indépendance, en 1991. Et l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, n'a jamais abandonné l'idée de récupérer son ancienne province. En 2020, la deuxième guerre du Karabakh a ainsi fait plus de 6 500 morts avant qu'un cessez-le-feu soit négocié par Vladimir Poutine.  

Moscou en médiateur

Mardi 16 novembre, c'est encore la Russie qui a joué les médiateurs et mis un terme aux affrontements. Comme l'an dernier après six semaines de conflit, Moscou, appelé à la rescousse par les Arméniens, a mis tout le monde au pas et obtenu la signature d'une trêve. La Russie est le principal soutien d'Erevan : depuis novembre 2020, ses soldats sont déployés dans le Haut-Karabakh en tant que force de maintien de la paix.

Elle qui regarde plutôt en ce moment du côté de l'Ukraine et de la Biélorussie n'a aucune envie d'ouvrir un nouveau front sur son flanc sud ; elle a donc réactivé tous ses réseaux diplomatiques. Mardi, les armes se sont tues et la situation s'est relativement stabilisée.

Le sentiment d'humiliation des Arméniens 

Sauf que rien n'est vraiment réglé. Au terme des derniers affrontements, le Haut-Karabakh a encore perdu quelques kilomètres carrés au profit de l'Azerbaïdjian, ce qui alimente le ressentiment de la population arménienne.

L'an dernier, le cessez-le-feu avait déjà été vécu comme une humiliation, un traumatisme même : en gelant les positions militaires, il actait de fait la domination azérie sur plus de la moitié du Haut-Karabakh.

Plusieurs milliers de personnes ont encore défilé à Erevan la semaine dernière pour réclamer la démission du "traître" Nikol Pachinian. Le premier ministre a légitimé son pouvoir en convoquant en juin des législatives anticipées, remportées par son parti du Contrat civil, mais il reste fragilisé. Cette région du Caucase, extrêmement militarisée, est toujours une poudrière prête à exploser.

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