Le monde de Marie. Malte : des avancées dans l'enquête sur l'assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Jeudi, on revient sur l'assassinat de la journaliste maltaise anticorruption, Daphne Caruana Galizia, le 16 octobre dernier. La police dit tenir les responsables.
C'était le 16 octobre dernier. La journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia meurt dans l'explosion de sa voiture. La police affirme tenir les assassins. Il s’agirait de trois Maltais, dont deux frères surnommés "Le Chinois" et "La fève", George et Alfred Di Georgio, ainsi que Vincent Muscat.
Explosion d'une bombe à distance
Arrêtés début décembre, ils ont très vite été présentés devant un juge d’instruction. Ils ont, selon les accusations, fixé une bombe sous la voiture de la journaliste qu’ils feront exploser à distance, à l’aide d’un téléphone. Plus précisément, c’était leur plan de départ. En effet, le propriétaire du téléphone qui est donc le préposé à envoyer le sms qui déclenchera la bombe sous la voiture de Daphne Caruana Galizia, se rend compte au moment de composer le numéro qu’il n’a plus de crédit. C’est en téléphonant à son opérateur pour obtenir du rab, qu’il sera plus tard repéré par la police. Le soir même, George Di Georgio envoie un message à sa femme. Il écrit : "Chérie, sors moi une bonne bouteille de vin", célébrant déjà le gros paquet d’oseille promis pour l’assassinat de la journaliste.
Interrogations sur un vaste réseau criminel
Arrêtés avec sept autres hommes, les trois meurtriers se décrivent comme sans emploi, mais ils sont connus pour diriger un cartel du crime à Malte qui couvre toutes sortes de trafics. Ces derniers temps, ils étaient impliqués dans le commerce du pétrole entre la Libye et les mafias siciliennes et maltaises, donc ce sur quoi enquêtait Daphne Caruana Galizia avant sa mort. Autre détail intéressant, le téléphone portable qui a servi à déclencher la bombe sous la voiture de la journaliste a été retrouvé par la police, et il apparaît aujourd’hui que l’appareil aurait servi à faire exploser sept autres voitures piégées. Cela tendrait à prouver que l’assassinat de Daphne Caruana n’est pas un acte isolé, et qu’il s’agit d’un réseau criminel d’importance. Se pose alors la question de savoir si les trois hommes ont agi seuls ou pour le compte de quelqu’un d’autre de plus haut placé par exemple. Le procès des trois meurtriers pourrait sans doute apporter des réponses, encore faudrait-il trouver un juge pour remplacer la première magistrate qui a déjà été dessaisie de l’affaire pour ses prétendus liens avec la famille de la victime. En attendant, le procès a été reporté sine die. Ce n’est pas vu comme un bon signe.
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