Le monde de Marie. La sortie du film "Paddington 2" retardé en Russie
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Mardi, le ministre de la Culture russe a décidé de reculer la sortie de "Paddington 2".
Prévue initialement mercredi 17 janvier, la sortie du film Paddington 2 est décalée au 1er février. Ainsi en a décidé le ministre de la Culture russe qui a décidé de retarder la sortie de ce film anglais qui raconte les aventures d’un petit ours portant duffle-coat et chapeau de ciré. Mais quel est le problème avec Paddington 2 ? Le contenu est-il sulfureux ?
Il est vrai que ce deuxième volet aborde des moments difficiles, Paddington se retrouve derrière les barreaux et en plus il se la joue Prison break avec d’autres détenus. Mais le contenu n’est pas le problème avec Paddington. Le souci du ministre de la Culture est ailleurs. L'ours Paddington est beaucoup trop populaire auprès du public russe qui s’est évidemment pris d’affection pour un ours, l’animal symbole de ce pays. Les spectateurs vont donc se ruer plus facilement en masse voir Paddington 2 plutôt que sur SKIF, film d’action russe à grand spectacle, avec énormément de geysers de sang au ralenti, de types en peau de bêtes qui se battent en hurlant.
Le ministre de la Culture russe veut protéger le cinéma russe, mais attention pas n’importe quel cinéma russe. Celui du metteur en scène Andrei Zvianguitsev, distingué à Cannes pour son film Léviathan, n’a pas bénéficié de la même bienveillance. Il est vrai que le réalisateur y montrait des Russes en train de boire, alors que selon le ministre de la culture : "Les Russes ne boivent pas." C’est très connu, en effet. En revanche, A la Verticale, un film qui exalte la victoire de l’équipe soviétique de basketball sur l’équipe américaine en 1972, est très soutenu par le ministère. Idem pour Viking, grand film d’action qui souligne l’héroïsme des premiers orthodoxes dans leur combat contre les païens et qui a rapporté plus d’un milliard de roubles. Ce protectionnisme culturel enchante les professionnels d’un certain cinéma en Russie qui compte bien regagner du terrain sur un marché intérieur beaucoup trop occupé à leurs yeux, par le cinéma américain.
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