Le Monde de Marie. La Colombie débordée par l'exode des Vénézuéliens
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, une nouvelle crise de réfugiés qui s’annonce à des milliers de kilomètres de l’Europe. En Amérique latine, des milliers de Vénézuéliens fuient chaque jour la pauvreté.
Environ 250 000 réfugiés ont afflué en Colombie depuis le mois d’août 2017. Ils continuent d’arriver régulièrement au rythme de 3 000 personnes par jour. Ils viennent tous du Venezuela parce qu’ils ont faim en raison des difficultés économiques qui frappent leur pays. La Colombie semble en passe de devenir le nouveau Lampedusa, un pays peu riche et débordé par cet afflux massif, très semblable, selon les ONG sur place, à la fuite des populations syriennes en 2014 ou à l’exil des Rohingyas du Myanmar (ex-Birmanie).
Un premier exil politique dans les années 2000
Beaucoup de Vénézuéliens ont quitté le pays d’abord à l’arrivée d'Hugo Chavez en 1998. Lex-président réélu 4 fois, et décédé le 5 mars 2013, avait lancé le "socialisme du XXe siècle". Cet exil choisi concernait principalement une population riche qui craignait la présidence socialiste d’Hugo Chavez. C’était au début des années 2000, mais depuis que Nicolas Maduro, le successeur de Chavez est en place, l’économie du pays est plongée dans une situation catastrophique, principalement depuis août 2017.
Un nouvel exode économique
Ce sont maintenant les plus pauvres, les mal nourris, ceux qui sont au bout du rouleau qui traversent à pied la frontière colombienne en espérant pouvoir se refaire une vie. Au début, la Colombie accordait à ces réfugiés un permis de séjour temporaire qui leur permettait de trouver un petit boulot. Mais la situation s’est tendue depuis décembre 2017. Durant ce seul mois, les réfugiés arrivent au rythme de 90 000 personnes par jour.
La Colombie restreint les conditions d'entrée
Début février, débordé par le nombre de réfugiés vénézuéliens, le président colombien Juan Manuel Santos a décidé de suspendre les visas temporaires et d’expulser les Vénézuéliens. Pour justifier cette décision, il explique que le Venezuela n’est pas un pays en guerre, et qu’il est donc difficile de considérer ces exilés comme des réfugiés.
Des gens qui ont faim, des femmes qui vendent leurs cheveux pour trouver de quoi nourrir des enfants mal nourris... Si la Colombie ne veut plus d’eux, ils pourront peut-être trouver refuge au Brésil, un autre pays limitrophe, où le président Michel Temer vient de déclarer un état d’urgence. À la frontière avec le Venezuela, quatre camps de réfugiés et un hôpital de campagne abritent actuellement plus de 40 000 réfugiés.
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