Le monde de Marie. En Russie, des Iraniennes fans de foot bravent l'interdiction de stade qui s'applique dans leur pays
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, la place des femmes iraniennes dans les stades de la Coupe du monde et, surtout, dans la société.
Mercredi 20 juin, à 20 heures, au stade de Kazan en Russie, les supportrices iraniennes seront là pour soutenir leur équipe d’Iran qui a battu le Maroc il y a quelques jours. Des Iraniennes fans de foot qui mettent les pieds dans un stade pour la première fois de leur vie. En Iran, les femmes n’ont pas le droit de pénétrer dans les stades pour assister à des matchs de foot, parce que c’est un sport masculin.
Et pourtant, le football et les femmes est un sujet en Iran. En 2006, déjà le cinéaste iranien Jafar Panahi réalisait Hors-jeu, un bijou de film sur les stratagèmes d’une jeune iranienne fan de foot, pour entrer au stade. Il y a un mois, d’autres supportrices iraniennes sont parvenues à entrer dans le grand stade de Téhéran, grimées en jeunes hommes avec perruque, moustache et barbe de trois jours.
Le risque : la prison
Qu’est-ce qu’elles risquent en défiant cette loi ? La prison. Direct. C’est ce que risquent aussi ces supportrices iraniennes parties en Russie, la plupart du temps en famille, pour soutenir leur équipe et assister à la Coupe du monde. Sur les images de CNN par exemple, on les voit sans voile, cheveux au vent, les couleurs de l’Iran aux joues. Elles répondent volontiers aux questions des journalistes, mais ne donnent jamais leur identité, par peur des représailles au retour.
Mais en venant en Russie, ces fans de football avaient une petite idée en tête pour faire avancer leur cause. Vendredi 15 juin, lors du match Iran-Maroc, à Saint-Pétersbourg, qui s’est soldé par une victoire de l’Iran 1-0, sur les gradins, elles ont déployé une bannière rédigée en anglais : "Laissez les femmes iraniennes entrer dans les stades."
Une interdiction qui date de 1979
C’est ici que se pose la question du rôle de la Fifa qui a pour principe de ne tolérer aucune discrimination, mais aussi de son président, qui assistait à un match de football en Iran le mois dernier, quand aux portes du stade, la police arrêtait 35 femmes qui tentaient d’entrer. Pourtant, les Iraniennes fans de foot croient encore à la possibilité que les autorités iraniennes reviennent sur cette interdiction édictée en 1979 par l’ayatollah Khomeini. Et pourquoi pas après tout. Il y a trois mois l’interdiction qui visait les matchs de volley a bien été levée. C’est un bon signe. L’arrestation de Masih Alinejad, l’avocate qui menait le combat contre le hidjab obligatoire il y a quelques jours, en est un autre. Moins réjouissant.
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