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Serge Lama : "Sans le public, je serais dépressif. Il m'a tout donné"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le parolier et chanteur, Serge Lama. L'occasion de revenir pendant cinq jours sur les six décennies passées à ses côtés. Il a publié en octobre 2022, un album qu’il a annoncé comme son ultime, "Aimer".
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Serge Lama en concert au Dôme de Marseille le 8 décembre 2017 (VALERIE VREL / MAXPPP)

Le chanteur et parolier, Serge Lama est l'invité exceptionnel du Monde d’Élodie toute cette semaine. Artisan de la chanson française depuis presque 60 ans, il a toujours su prendre des risques et fonctionné avec son instinct. On remonte le fil de sa carrière autour de cinq de ses chansons devenues cultes.

Depuis 1964, il a sorti pas moins de 24 albums studio et neuf albums live, composés de titres incontournables, la plupart devenus des classiques de la chanson française, comme Les Ballons rouges (1969), D'aventures en aventures (1968), Je suis malade (1973), Femme, femme, femme (1978) ou encore Les P'tites femmes de Pigalle (1973). Impossible de ne pas citer son aventure napoléonienne au théâtre Marigny dans les années 80 avec Napoléon, une comédie musicale qu’il a créé, pour laquelle il s’est battu et qui a autant comblé le public que lui-même en tant qu'artiste. Serge Lama a été également acteur au théâtre, au cinéma et à la télévision.

Le 7 octobre 2022 est sorti son ultime album, Aimer, soit 13 nouvelles chansons pour dire adieu à son public.

>> Serge Lama se confie sur son ultime album "Aimer" : "J'y ai mis tout mon coeur"

franceinfo : Vous avez toujours eu à cœur de rendre hommage à celles et ceux qui vous ont donné envie de chanter et d'écrire. Je pense notamment à Jacques Brel, à qui vous avez rendu hommage dans un album, avec l'intégralité des bénéfices reversés à la recherche contre le cancer. Je pense aussi à Albert Camus qui est célébré dans votre dernier album, Aimer, aimer c'est aussi ça, c'est d'avoir bonne mémoire ?

Serge Lama : Bien sûr, Brel, Brassens, Bécaud et Aznavour m'ont fait. Je suis un mix de ces quatre-là. J'ai un amour des mots et une façon d'écrire mes chansons qui finalement est assez proche de Georges. J'ai beaucoup appris de Charles et Bécaud, cette façon d'occuper la scène, d'aller d'un côté, de l'autre. Et Brel, une façon d'ouvrir ses bras, de faire des gestes rapides. Tout ça, il faut le mixer. C'est très difficile pour que ça devienne vous.

"Devenir un mix de Brel, Aznavour, Brassens et Bécaud, c'est un travail qui se fait sur le tas et qui se réalise sur le tard."

Serge Lama

à franceinfo

En 1982, vous allez écrire et créer une comédie musicale consacrée à Napoléon Bonaparte. D'où vous est venue cette idée incroyable, à une époque, je le précise, où il n'y avait pas beaucoup de comédies musicales.

Oui, ce n'était pas la mode. Je voulais faire le Théâtre du Châtelet. J'avais été voir le directeur du Châtelet et il m'avait dit : "Écoutez, je ne peux vous proposer que trois ou quatre dates par ci par là, sauf si vous écrivez une comédie musicale, là, on pourra envisager trois, quatre, six mois". Je suis sorti de cet endroit, j'étais comme dans un rêve. Et j'ai dit à mes deux compères : je vais faire Napoléon Bonaparte. Et à peine j'ai commencé à lire que j'ai écrit, écrit, écrit, mais j'ai écrit 40 chansons et il en est sorti très peu. Avec Yves Gilbert, on a bossé comme des fous.

Il va y avoir un double album au départ.

Oui, qui a très bien marché. C'est pour ça que j'étais très surpris que justement, les grands lieux comme Mogador et Le Châtelet ne veuillent pas de moi. Ils me disaient : "Mais qui va venir voir Napoléon Bonaparte ?" Et je leur répondais : j'ai vendu 700 000 exemplaires, il y a au moins déjà 700 000 personnes qui vont être intéressées, peut-être, mais rien à faire. Je n'ai pas réussi. Et un jour je vais voir Thierry Le Luron qui était au Théâtre Marigny et il m'a dit : "Franchement, la pièce qui vient après ne va pas durer longtemps, tu devrais tout de suite te mettre sur le coup et demander". Je lui dis : écoute Thierry, cela fait 1000 places, je ne peux pas faire un truc comme ça dans un endroit... "Ah, écoute, tu veux le faire ou tu ne veux pas le faire ?" J'ai répondu que oui et je l'ai écouté. J'ai même trouvé le metteur en scène, Jacques Rosny, dans le Petit Marigny qui jouait à côté et voilà, une équipe s'est formée et on a écrit une comédie musicale sur Napoléon Bonaparte.

Vous avez eu un accident de voiture extrêmement grave. Pendant Napoléon, vous allez perdre vos parents d'un autre accident de voiture. Elle vient d'où cette force de rester debout ?

On ne sait pas d'où vient la force. Je suis foncièrement mystique donc il y a quelque chose qui nous guide. Je suis arrivé à un point où je devais arriver et c'est très bien comme ça. Il n'y a pas de regrets à avoir. Vous vous rendez compte que j'ai quasiment 80 ans... Bon, j'ai chanté encore à 75 ans, à 80 ans, je peux quand même m'en aller !

Avec ce spectacle, vous allez tourner en France et également au Québec. Au total, vous avez largement dépassé le million de spectateurs. Est-ce que le public est votre plus belle victoire ?

"Le public est ma plus belle victoire, la plus chère à mon cœur parce que sans le public qui serais-je ?"

Serge Lama

à franceinfo

Oui. Sans le public, je serais dépressif. Le public m'a tout donné. Alors, bien sûr que j'ai fait tout ce qu'il fallait pour séduire, tout ce qu'il fallait pour aller vers eux. Mais "Ils sont venus. Ils étaient là" comme dirait Aznavour, et c'était tous les soirs un miracle formidable que d'avoir ce public enthousiaste qui frappait sa joie avec les mains à la fin des concerts. C'était merveilleux.

Pour terminer, quelle est la chanson qui représente Napoléon et cette aventure ?

Napoléon puisqu'il y a une petite musique qui séduit les gens. Il y avait de belles chansons d'amour aussi comme Lettre à Joséphine qui était superbe. Et puis évidemment Marie la polonaise qui n'était pas du tout prévue, ce qui faisait que la troupe se mettait tout autour de moi et je chantais à genoux, parce qu'elle avait eu un tel succès à la radio et en ventes que je ne pouvais pas ne pas la chanter.

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